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DuckyOp, le petit canard syrien qui veut conquérir les smartphones

À première vue, DuckyOp ne se distingue en rien de la majorité des jeux sur smartphone. Sauf que ce projet est entièrement réalisé par des Syriens qui veulent ainsi prouver qu'il n'y a pas que le conflit qui déchire la Syrie dans leur vie.

C’est l’histoire d’un petit canard habitué à flotter dans une baignoire qui veut s’échapper de sa salle de bain. Pour ce faire, il doit dégommer les bulles de savon qui lui barrent le chemin. Un gentil scénario pour un jeu vidéo - baptisé DuckyOp - qui doit sortir dans les prochains mois sur iPhone et smartphones Android.

Mais ce passe-temps sur mobile pour les 7 à 77 ans se distingue des Angry Birds, Cut the Rope & Co. : il a été pensé et développé par une équipe constituée à 100 % de Syriens. DuckyOp est porté par Rime Karout, une Syrienne installée en France depuis 2005 qui dirige Wenetech, une société spécialisée dans la création de sites et d’infrastructures réseau. “Je suis attiré par l’univers des dessins animés et le monde des jeux vidéo me semblait une bonne entrée en matière”, explique-t-elle à FRANCE 24.

Habituée à travailler avec ses compatriotes, Rime Karout n’a pas voulu déroger à sa règle pour ce projet, malgré la guerre qui secoue son pays d’origine. “C’est sûr que depuis le début du développement du jeu il y a un an, je crains que travailler avec des personnes restées sur place deviennent impossible”, reconnaît-elle. Pour l’instant, les communications avec la Syrie demeurent. Mais si, à l’origine, une majorité des dix personnes impliquées dans ce jeu y résidait, seules trois y sont restées. “Les autres sont parties, essentiellement pour continuer leurs études ou travailler à l’étranger”, tient à préciser Rime Karout.

Soutien aux ONG

Pour elle, DuckyOp n’est ni un acte politique, ni une prise de position par rapport au conflit qui déchire son pays. D’ailleurs, le jeu n’y fait jamais référence. Rime Karout assure, en revanche, que son projet se veut un double message d’espoir. “C’est une manière pour ceux restés en Syrie de travailler sur quelque chose qui leur fait oublier les problèmes du quotidien”, souligne-t-elle. Par ailleurs, DuckyOp vise aussi à apporter la preuve au monde qu’un jeu capable d’amuser petits et grands peut, en ce moment, être créé par des Syriens. Comme un pied de nez à la guerre.

Reste que DuckyOp n’est pas encore sorti et qu’il y a encore quelques embûches financières sur son chemin. Rime Karout doit trouver 8 000 euros pour donner vie à son canard de héros. Pour lever cet argent, elle s’est tournée vers Indiegogo, une plateforme Internet de financement participatif. En une semaine, son projet a déjà récolté 725 euros de de dons de la part d’internautes.

Si l’équipe du jeu compte bien finaliser ainsi son budget, l’appel aux bonnes volontés sur Indiegogo est aussi une occasion pour Rime Karout de tenter de faire avancer la cause humanitaire en Syrie. Les internautes qui versent de l'argent peuvent décider qu’une partie de leurs dons (jusqu’à 22 %) doit être destinée à trois ONG actives en Syrie. Encore une fois, il ne s’agit pas de prendre position pour un camp ou pour un autre, assure cette Syrienne, puisque les associations concernées - Coup de pouce Syrie, l'Association franco-syrienne espoir et l’Association franco-syrienne - affirment venir en aide aux populations sur place, quelle que soit leur confession ou leur conviction politique.