La justice a décidé de prolonger de six mois la détention provisoire du grand frère du "tueur au scooter". Abdelkader Merah est emprisonné depuis un an pour complicité présumée dans les assassinats commis par son frère en 2012.
Six mois d’incarcération supplémentaires. Près d’un an après son arrestation, le maintien en détention provisoire d’Abdelkader Merah a été validé par le juge des libertés et de la détention (JLD), jeudi 21 mars, à Paris. La raison : son refus de révéler l’identité du troisième homme de l’affaire, un complice présumé des actes de Mohammed Merah dont l’implication n’a pu être démontrée par l’enquête jusqu’à présent.
Selon Me Tiffany Dhuiege, une des avocates du frères du "tueur au scooter", le juge a toutefois évoqué la possibilité de placer Abdelkader Merah sous bracelet électronique "dans un futur proche".
Le parquet de Paris avait insisté pour qu’Abdelkader Merah reste sous les verrous, citant un faisceau d’indices le rattachant aux assassinats terroristes commis par son frère. Le dossier de justice reste cependant fragile, les enquêteurs peinant à percer l’organisation logistique du "tueur au scooter" et ses complicités éventuelles.
Abdelkader Merah a toujours nié toute implication dans les attaques qui ont entraîné la mort de trois militaires et de quatre personnes, dont trois enfants, à, l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse.
Connu comme un membre de la mouvance islamiste toulousaine, celui-ci peut s’appuyer sur les échanges de Mohamed Merah avec les hommes du RAID pendant les 32 heures de siège qui avait suivi l’assaut de la police. Le tueur avait alors soutenu avoir commis ses crimes tout seul, sans aide logistique extérieure.
"Réconciliation suspecte"
Interrogé par les juges antiterroristes le mois dernier, Abdelkader Merah s’était dit convaincu que les enquêteurs ne disposent d’aucune preuve contre lui.
"Si je ne m’étais pas réconcilié avec mon frère, je serais automatiquement libre", affirmait-il ainsi devant le juge Christophe Tessier, au terme d’un après-midi d’interrogatoire.
Brouillés de longue date, les deux frères avaient renoué le contact seulement trois semaines avant le premier assassinat. Cette réconciliation surprise et le calendrier des rencontres présumées entre Mohamed et Abdelkader, à quelques heures de chacun des meurtres, aiguisent les soupçons de complicité à l’encontre du frère aîné.
Mais face aux réfutations du principal intéressé, l’élément le plus solide dont disposent les enquêteurs reste la présence attestée d’Abdelkader Merah lors du vol d’un scooter T-Max, le 6 mars 2012, par son petit frère.
Cinq jours plus tard, le "tueur au scooter" abattait d’une balle en pleine tête un parachutiste de 30 ans à Toulouse, le premier d’une série de sept assassinats.