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La guerre des roses tourne à l'affrontement

La bataille des chiffres que se livrent Martine Aubry et Ségolène Royal pourrait bien finir au tribunal. Emmanuel Valls, proche de Royal, a envisagé un recours judiciaire au plan national, lors d'une interview donnée sur Canal +.

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Le Parti socialiste français est en plein désarroi et s'oriente même vers un affrontement judiciaire avant la réunion d'instances nationales, lundi et mardi, qui valideront ou non l'élection annoncée de Martine Aubry au poste de premier secrétaire.

Face aux litiges qui se multiplient sur les résultats, une commission dite de "recollement" examinera les problèmes présentés et rédigera un rapport au conseil national.

Cette commission réunira des représentants des trois candidats au premier tour de scrutin, Martine Aubry, Ségolène Royal et Benoît Hamon.

Le PS sera ensuite appelé à officialiser définitivement ou non mardi les résultats du second tour proclamés samedi matin, donnant 42 voix d'avance à Aubry sur Royal, sur environ 134.700 suffrages exprimés de militants.

Dimanche, le député de l'Essonne Manuel Valls, proche de Ségolène Royal, a revendiqué la victoire de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2007, annoncé un dépôt de plainte sur un épisode à Lille pour "faux en écriture" et envisagé un autre recours judiciaire au plan national.

"Au vu de tout ce qui remonte des différentes fédérations, départements de notre territoire, de la métropole comme de l'outre-mer, Ségolène Royal a été élue premier secrétaire du PS", a affirmé le député sur Canal+.

"Elle est en tête et tous les éléments que nous avons montrent qu'il y a eu des erreurs, des irrégularités, de la triche", a-t-il ajouté.

Il a encore demandé un nouveau vote avec un contrôle renforcé.
Guerre des communiqués
La guerre des chiffres et des communiqués a fait rage tout le week-end.

En Gironde, Alain Anziani, partisan de Martine Aubry, a assuré que sa championne avait été lésée de 11 voix et Ségolène Royal créditée de 41 bulletins en trop par erreur dans la section de Blaye, mais Gilles Savary, du camp adverse, a aussitôt démenti.

La Moselle fait état officiellement de 12 voix en trop pour Aubry et 12 voix manquantes pour Royal selon un communiqué.

Jean-Pierre Mignard, proche de Ségolène Royal, a remarqué que la Nouvelle-Calédonie n'avait pas été comptabilisée dans les résultats officiels du PS et sur le site pscalédonie.org, il est fait état d'un résultat de 81,27% pour Ségolène Royal.

Une présumée faute de transcription à Lille qui aurait donné 20 voix supplémentaires à Martine Aubry, maire de la ville, a suscité la colère de Manuel Valls. Il veut porter plainte pour "faux en écriture". Le PS local a aussitôt riposté en envisageant une plainte en diffamation contre lui.

Le camp Aubry ayant pointé du doigt dans les médias plusieurs DOM-TOM où Ségolène Royal a réalisé des scores importants, le PS de la Guadeloupe a répliqué en assurant que les irrégularités concernaient une section ayant "massivement voté pour Martine Aubry".

Enfin, un ensemble de votes avec un différentiel de 19 voix pour Martine Aubry n'aurait pas été décompté au titre des sections des Français de l'étranger, selon des documents publiés par le site internet Rue89. Le problème viendrait d'une prise en compte par Solférino de résultats partiels et non définitifs.

Sans attendre la validation du vote, Martine Aubry s'était installée samedi dans un rôle de chef de parti, lançant un appel au rassemblement et détaillant son programme de gouvernement.

"La question n'est plus de savoir qui a perdu ou qui a gagné. Nous aurons tous perdu si nous ne sommes pas capables de nous rassembler très vite, et nous aurons tous gagné si nous faisons barrage à la droite, à la politique actuelle du président de la République", avait dit la fille de Jacques Delors, promettant d'être "le premier secrétaire de tous les militants".