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Pour Manuel Valls, les Roms "ne souhaitent pas s'intégrer"

Les Roms habitant dans des campements "ne souhaitent pas s'intégrer" en France, a estimé le ministre français de l'Intérieur dans un entretien publié vendredi dans "Le Figaro". Une déclaration qui a suscité la colère de plusieurs associations.

Manuel Valls durcit le ton contre les Roms. Dans un entretien au quotidien "Le Figaro"  vendredi 15 mars, Manuel Valls estime que les Roms vivant dans des campements "ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution".

Evoquant les 400 campements insalubres installés dans l'Hexagone, le locataire de la place Bauveau juge que "les préfets sont soumis à une contradiction", devant "à la fois démanteler les campements tout en répondant à la demande de (...) trouver des mesures alternatives".

Le ministre de l'Intérieur déclare également vouloir poursuivre la politique de démantèlement des camps de Roms faisant ainsi écho aux propos du Premier ministre roumain Victor Ponta, qui aurait assuré que les Roms "ont vocation à rester en Roumanie, ou à y retourner".

Le ministre de l'Intérieur "légitime la xénophobie"

Une sortie qui n'a pas manqué de provoquer l'ire de plusieurs associations, à l'instar de La Voix des Roms. Jugeant ces déclarations "de mauvais augure", cette dernière a estimé par communiqué que cela présageait  "un durcissement de la politique à laquelle nous assistons depuis 2003, lorsque M. Sarkozy devint ministre de l'Intérieur". Ceux qui disent que les Roms occupant des campements ne veulent pas s'intégrer sont "des menteurs", "des irresponsables dangereux pour la paix et la cohésion sociales", dénonce l'association, visant directement Manuel Valls.

"Evidemment tout le monde veut éradiquer les bidonvilles", mais "ça ne sert à rien de les renvoyer d'un coin de trottoir à un autre endroit pourri", a rétorqué Laurent El Ghozi, cofondateur du collectif Romeurope, qui rassemble une trentaine d'associations (Médecins du Monde, Ligue des droits de l'Homme, Mrap, Secours catholique, etc). Pour lui, le ministre "légitime la xénophobie, le rejet de l'autre, voire le racisme" contre "une population désignée en fonction de son origine ethno-raciale présumée".

Des "clichés" qui "blessent" la République

Au-delà des associations de défense des Roms en particulier, SOS-Racisme s’est également insurgé face à un "amalgame" jugé "inqualifiable". "En véhiculant de tels clichés au plus haut sommet de l'État, le ministre de l'Intérieur, par ailleurs en contradiction avec les engagements pris par le candidat Hollande sur le sujet, inflige à notre République et au principe d'égalité une blessure inouïe et révoltante" a ainsi affirmé l’association.

Saimir Mile, président de la Voix des Roms, a annoncé à l'AFP qu'il allait consulter les membres de son association en vue de porter plainte contre le ministre pour incitation à la haine raciale. "On va aussi interpeller l'Union européenne" sur une éventuelle violation du droit européen, a-t-il précisé.

La France est déjà dans le collimateur de la Commission européenne pour sa politique contre les Roms.

Avec dépêches