À l'heure où les cardinaux élisent le 266e pape de l'Église catholique, le site web "adopte un cardinal" propose aux croyants d’aider, par la prière, les prélats dans leur choix. Toute ressemblance avec un autre site web...
Il est le nouveau site internet prisé par les catholiques. Bien que, par son nom, il fasse penser au célèbre site de rencontre adopteunmec.com, le très religieusement correct adopteuncardinal.org fait preuve du plus grand sérieux. Son principe est simple : confier un cardinal à un fidèle pour que ce dernier le porte "dans la prière et l’intercession […] jusqu’à l’élection d’un nouveau pape et durant les trois jours qui suivront l'élection".
Moyennant un nom et une adresse mail, l’internaute se voit désigner, au hasard, l’un des 115 cardinaux électeurs du collège cardinalice à qui il adressera ses prières. Pour l'aider dans ses adjurations, le cyber-croyant reçoit par courriel une photographie du prélat accompagnée d'une courte biographie. Bref, toutes les informations nécessaires pour faire connaissance avec l'adopté...
Les voix du Seigneur ne sont pas si impénétrables
Pour l'Allemande Ulli Heckl, 37 ans, co-fondatrice du site avec d'autres membres du mouvement catholique international Youth 2000, "les cardinaux ont besoin qu'on prie pour eux" en ces temps de conclave. À l’en croire, les paroissiens, les congrégations religieuses et même des maisons de retraite ont très tôt manifesté leur intérêt pour la démarche. À ce jour, adopteuncardinal.org revendique près de 489 000 convertis.
Des paroissiens jusqu’aux plus hautes éminences religieuses du monde entier, on apprécie l’initiative allemande. Le site a d’ailleurs reçu la bénédiction du Vatican. Le père Federico Lombardi, directeur du bureau de presse du Saint-Siège, s’est lui-même réjoui qu’un site web puisse engendrer un aussi grand "mouvement de prière".
Le frère Thierry Hubert, responsable du site du couvent des dominicains de Lille, salue lui aussi la démarche. "Derrière l’accroche rigolote, il y a une démarche très spirituelle, confie le religieux à FRANCE 24. Ce site offre une proximité avec les cardinaux qui n’existait pas avant. Je me suis d’ailleurs inscrit sur le site comme d’autres frères du couvent." Pour le dominicain, "ce genre d’initiative permet de casser quelques clichés sur l’image du catho sinistre qui date du siècle dernier". Et d’ajouter : "L’initiative est, par ailleurs, fidèle au principe de l’Évangile, qui invite le croyant à être contemporain de son époque et de sa culture".
Une Église 2.0
Moins cocasse mais tout aussi efficace, le site français "Mission conclave" ne propose pas d’"adopter" mais de "recevoir un cardinal" sur sa boîte mail. Le but de la démarche reste le même : faire "monter vers le ciel [les] prières à l’Esprit Saint pour [les] cardinaux qui ont cette cruciale mission d’élire [le] futur pape". Plus austère, le site ne compte, pour l'heure, que 25 677 inscrits.
Jamais l’Église catholique n’aura autant investi la Toile et les réseaux sociaux. De plus en plus d’hommes d’Église, à l’instar du cardinal philippin Luis Antonio Tagle, ne jurent plus que par Twitter et Facebook pour communiquer avec les fidèles. De sa ville de Coulommiers, le père Philippe Mazur voit dans l’émergence de ces sites internet un changement de la communication de l’Église. "On a vraiment l’impression que les cardinaux ont une grande liberté de parole en ce moment", indique le prêtre au site Le pays Briard. "Je me demande si l’on n’assiste pas à une modernisation de l’Église. Après tout cela, tous les cardinaux vont sans doute repenser leur communication."