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Enquête sur le rôle du MI5 dans des actes de torture présumés

Le principal conseiller juridique du gouvernement britannique a annoncé que la police va mener une enquête sur le rôle du MI5, les services secrets du pays, dans les tortures présumées infligées à un ex-détenu du camp de Guantanamo.

AFP - La police britannique mènera une enquête sur le rôle du MI5, les renseignements intérieurs britanniques, dans les tortures présumées infligées à Binyam Mohamed, ex-détenu du camp de Guantanamo, a annoncé jeudi le principal conseiller juridique du gouvernement.

L'Attorney general, la baronne Patricia Scotland, a souhaité que la police lance cette enquête "aussi rapidement que possible au vu du sérieux et du caractère sensible des questions touchées", dans une déclaration écrite devant le parlement.

Scotland Yard a confirmé, dans un communiqué, avoir reçu une lettre de l'Attorney general lui demandant d'ouvrir une enquête.

Binyam Mohamed, détenu à Guantanamo pendant plus de quatre ans, a été transféré début février en Grande-Bretagne, pays où il avait résidé à partir de 1994.

L'Ethiopien, 30 ans, a affirmé qu'un membre du MI5 avait fourni les questions lors des interrogatoires assortis de tortures qu'il a subis dans un site secret au Maroc, après son arrestation au Pakistan en 2002.

La ministre de l'Intérieur Jacqui Smith a assuré que les accusations formulées par M. Mohamed étaient "prises au sérieux" et promis la "pleine coopération" des agences de renseignement à l'enquête policière.

L'association de défense des prisonniers Reprieve, qui représente légalement M. Mohamed, a accueilli avec satisfaction cette annonce.

"L'Attorney general a pris la bonne décision aujourd'hui. Il est crucial d'aller au fond des choses pour ce qui concerne Binyam Mohamed et le rôle de tout officiel britannique dans ses tortures", a déclaré dans un communiqué Zachary Katznelson, directeur juridique de Reprieve.

Mais "pour qu'il s'agisse d'une véritable enquête, la police doit se voir donner l'accès à toutes les informations, y compris toute information secrète", a-t-il ajouté.

La section britannique de l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International s'est aussi félicitée de la décision, mais a dit espérer qu'il ne s'agisse que d'une "première étape".

"Nous ne devons pas perdre de vue que Binyam Mohamed est loin d'être le seul cas où il y a de sérieuses accusations de complicité du Royaume-Uni dans le mauvais traitement ou la détention illégale" de citoyens ou résidents britanniques, a rappelé Jeremy Croft pour Amnesty.

Dans un entretien au Mail on Sunday à son retour en Grande-Bretagne en février, M. Mohamed avait confié que ses années de détention l'avaient laissé "émotionnellement mort".

Le ministère britannique des Affaires étrangères a toujours nié et condamné tout recours à la torture.