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Deux ans après Fukushima, France 24 pénètre dans la centrale nucléaire

Exceptionnellement, FRANCE 24 a eu l’autorisation d’approcher le site de Fukushima endommagé par le tsunami du 11 mars 2011. "Il faudra un temps considérable pour que Fukushima soit de l’histoire ancienne", explique l’un des agents de la centrale.

Deux ans après la catastrophe de Fukushima, au Japon, le 11 mars 2011, FRANCE 24 a eu accès aux réacteurs endommagés, tandis que les autorités nippones s’emploient encore à limiter au maximum les fuites des centrales nucléaires touchées.

Considérés comme stabilisés depuis décembre 2011, les risque d’émission radioactive ne sont toutefois pas nuls. Les réacteurs et piscines de désactivation sont continuellement refroidis. D'énormes travaux sont encore nécessaires pour réduire les rayonnements et les risques, notamment en cas de nouvelle catastrophe naturelle.

Avant de pouvoir pénétrer sur le site, l’équipe de FRANCE 24 doit enfiler des combinaisons radiologiques, deux paires de gants, un dosimètre personnel et surtout un masque intégral. Durée de la visite : deux heures.

Il faudra 40 ans pour démanteler Fukushima

Commence alors la visite, d’abord en bus, entre l’océan Pacifique d’un côté, et les quatre bâtiments réacteurs, de l’autre. En deux ans, la centrale a été nettoyée mais les débris du tsunami sont encore visibles et le bâtiment numéro 3 est toujours dans un état de délabrement avancé. Ici, les niveaux de radioactivité très élevés - de l’ordre de 1 070 microsieverts par heure (microSv/h), estime un agent opérateur de la centrale.

L'une des premières étapes du démantèlement, aussi délicate que cruciale, consiste à vider le combustible usagé des piscines de stockage, depuis le haut du bâtiment réacteur numéro 4.

"Il faudra un temps considérable pour que la centrale nucléaire de Fukushima soit de l’histoire ancienne. Le plus difficile sera de retirer le combustible fondu dans les réacteurs, les isoler et les stocker", explique un agent opérateur.

Plus de 3 000 travailleurs œuvrent sur le site pour préparer ce démantèlement qui devrait durer près de 40 ans avec des technologies qu'il reste à inventer. L'une des difficultés est de gérer ce personnel pour limiter la durée d'exposition aux radiations et assurer le renouvellement des ouvriers.

Avant de partir, les journalistes et le matériel sont sondés, pour vérifier qu’ils ne sont pas contaminés. En deux heures, l’équipe a reçu 70 microSv.

Révision du projet d’abandon de l’énergie atomique

La catastrophe de Fukushima a transformé la façon dont le Japon envisage de produire son énergie. Seuls deux des 50 réacteurs nucléaires de l'archipel sont encore en exploitation, les autres sont arrêtés sine die en attendant que soit confirmée leur sûreté sur la base de normes plus contraignantes en cours d'élaboration par une nouvelle instance de régulation nucléaire. Des travaux de construction d'un nouveau réacteur ont cependant repris après avoir été suspendus à la suite de l'accident de Fukushima.

Pour assumer la baisse de production d’électricité, le public et les entreprises ont été forcés de réduire drastiquement leur consommation électrique en attendant la remise en service ou l'augmentation de puissance de centrales thermiques au gaz naturel ou autre carburant. Plus d'une centaine de projets de parcs solaires pourraient également être mis en place afin de générer autant de puissance que celle d'un réacteur de moyen gabarit.

Le gouvernement de droite arrivé au pouvoir en décembre 2012 grâce à la victoire du parti libéral-démocrate (PLD) affiche une position pro-nucléaire, essentiellement pour des raisons industrielles et économiques. Il a annoncé son intention de revoir le projet d'abandon de l'énergie atomique (d'ici à 2040) imaginé par le précédent gouvernement. Le Premier ministre, Shinzo Abe, n'exclut pas en outre d'autoriser la construction de nouveaux réacteurs pour remplacer les plus anciens, avec des technologies de pointe garantissant a priori une meilleure sécurité. La part de l'énergie nucléaire souhaitée à horizon 2030-2040 n'est pas connue, mais elle sera inférieure aux 50 % visés avant l'accident. Le Premier ministre a promis que le maximum serait fait pour utiliser les énergies renouvelables.

Avec AFP