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Une vingtaine d'observateurs de l'ONU capturés par des rebelles syriens

Vingt-et-un observateurs de l'ONU, positionnés sur le plateau du Golan, à la frontière israélienne, ont été pris en otages mercredi par des insurgés syriens. Une première depuis le début du soulèvement en Syrie il y a deux ans.

Les rebelles syriens ont capturé, mercredi 6 mars, 21 observateurs d'une force de l'ONU stationnée sur le plateau du Golan à la frontière israélienne. Une première dans la guerre en Syrie.

"Environ 30 combattants armés ont arrêté et capturé" 21 observateurs de la Force chargée de l'observation du désengagement sur le Golan (FNUOD) qui menaient une "mission ordinaire d'approvisionnement", ont indiqué des porte-parole de l'ONU à New York.

L'ONU n'a pas précisé la nationalité des observateurs mais l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, et des diplomates ont affirmé qu'ils étaient philippins.

Vidéo des rebelles diffusée sur YouTube

Selon l'OSDH, les ravisseurs exigent, pour les libérer, le retrait de l'armée syrienne des abords du secteur de Jamla. Dans une vidéo amateur tournée par des insurgés et publiée sur YouTube, un rebelle accuse même la FNUOD "d'aider l'armée syrienne".

Un jeune insurgé se réclamant de la brigade des "Martyrs de Yarmouk" apparaît sur les images entouré de combattants rebelles armés de fusils d'assaut, devant deux véhicules blindés peints en blanc portant le sigle "ONU" et un camion.

"Le commandement des Martyrs de Yarmouk a annoncé qu'il ne relâcherait pas les membres de la force des Nations unies [...] tant que les forces du régime de Bachar al-Assad ne se seront pas retirées des environs du village de Djamla", à l'est de la
ligne de cessez-le feu avec les troupes israéliennes, déclare l'homme, habillé en civil.

"Si aucun retrait n'est opéré d'ici vingt-quatre heures, nous les traiterons comme des prisonniers", ajoute-t-il, les accusant de collaborer avec les forces du régime de Bachar al-Assad.

Vidéo du jeune rebelle se réclamant de la brigade des "Martyrs de Yarmouk"

Condamnation du Conseil de sécurité

Dans une déclaration adoptée à l'unanimité, les 15 membres du Conseil de sécurité ont "condamné fermement la détention par des membres armés de l'opposition syrienne" des observateurs et "exigé leur libération immédiate et sans condition".

Le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a indiqué à des journalistes qu'il s'agissait "d'un incident très grave" et que des "négociations étaient en cours". "Toutes nos équipes sont mobilisées", a-t-il ajouté.

La majeure partie du Golan est occupée par Israël depuis 1967 et la FNUOD est chargée depuis 1974 de faire respecter un cessez-le-feu entre Israël et la Syrie. Elle compte un millier de soldats venus de cinq pays (Autriche, Croatie, Inde, Japon, Philippines).

L'ONU avait en décembre 2012 dénoncé la présence de rebelles dans la zone démilitarisée du Golan, où la FNUOD patrouille, de même que les incursions de l'armée pour les pourchasser.

Première conquête d'une ville par les rebelles

Devant l'impuissance de la communauté internationale à s'entendre sur les moyens d'arrêter le conflit qui a fait plus de 70 000 morts selon l'ONU, les troupes du régime et les rebelles sont décidés à se battre jusqu'au bout.

Mercredi, 121 personnes ont péri dans les violences notamment dans des raids de l'armée de l'air sur la ville de Raqa, proche de la frontière turque, ce qui n'a pas empêché sa prise totale par les rebelles, a précisé l'OSDH.

Cette ville, chef-lieu de la province de Raqa, "est entièrement hors du contrôle des forces du régime, après la reddition des derniers membres des renseignements militaires après deux jours de combats", a affirmé l'ONG.

C'est la première capitale provinciale à tomber aux mains des insurgés depuis le début du conflit, selon elle.

L'OSDH a affirmé être inquiète quant au sort de "centaines" de miliciens pro-régime et soldats qui se sont rendus aux rebelles à Raqa. Selon l'ONG, l'armée de l'air a par ailleurs bombardé des bastions rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest), près de Damas, à Homs (centre) et dans la province d'Alep (nord).

"La spirale d'une catastrophe absolue"

Les répercussions du conflit sont désastreuses pour la population. "Avec un million de personnes en fuite, des millions de déplacés à l'intérieur du pays, et des milliers de personnes traversant les frontières chaque jour, la Syrie est entrée dans la spirale d'une catastrophe absolue", a dit Antonio Guterres, le chef du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).

Quelque 400 000 Syriens ont fui leur pays depuis le début de l'année, selon le HCR. "Ils sont traumatisés, sans rien et ayant perdu des membres de leur famille. Près de la moitié des réfugiés sont des enfants, en majorité âgés de moins de 11 ans". Ils ont fui pour la plupart vers les pays voisins: Liban, Jordanie, Turquie et Irak.

Sur le plan diplomatique, la Ligue arabe a appelé mercredi l'opposition à se doter d'une "instance exécutive" afin de pouvoir occuper le siège de la Syrie, une démarche dénoncée par Damas qui a accusé l'organisation d'être manipulée par le Qatar et l'Arabie saoudite.
 

Avec dépêches

Tags: Syrie, ONU, Enlèvement,