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Procès à New York : les vilains petits secrets d'un "flic cannibale"

Le procès d'un policier, qui a proposé à des internautes adeptes du porno-cannibalisme de violer et manger son épouse, s'est ouvert le 25 février à New York. Fantasme ou signe avant-coureur d'un passage à l'acte ? Le jury devra trancher.

Gilberto Valle est-il un rêveur morbide aux fantasmes pervers ou un danger réel pour la société ?  C’est ce que devra déterminer la justice de New York, où s’est ouvert lundi 25 février le procès de celui que la presse américaine surnomme le "flic cannibale".

Âgé de 28 ans, cet officier de la police de New York (NYPD) est jugé pour avoir fomenté "un complot haineux avec l’intention de kidnapper, violer, assassiner et manger des victimes de sexe féminin". Sur le banc de l’accusation, son épouse, Kathleen Mangan-Valle, qui a découvert en août 2012 l’autre visage de son mari. Entre sanglots et hoquets, elle a dévoilé au jury ce que l’avocate de la défense qualifie de "vilains petits secrets".  
Petits meutres entre amis
La jeune femme, qui a rencontré son mari sur le site OKCupid en 2009, avait bien remarqué que quelque chose ne tournait pas rond dans le couple depuis quelque temps. Mais elle était loin de s'imaginer que Gilberto rêvait de la pendre par les pieds, de lui trancher la gorge et de manger son cadavre en conviant au festin une bande de gourmets anthropophages.    
C’est en fouillant dans l’ordinateur du couple, il y a plusieurs mois, que Kathleen Mangan-Valle découvre le plan macabre. Elle découvre des sites et forums porno-cannibales dont  Gilberto Valle semble être adepte :"Je sais que les sites SM ont un certain succès… Des trucs du genre 'Cinquante nuances de Grey' [best-seller sulfureux de E.L James, ndlr]", raconte-t-elle pendant l’audience. "Mais là, c’était un peu différent : la fille en une du site était morte". Il n’en faut pas plus à Kathleen pour retourner chez sa mère, enfant sous le bras.
La messagerie de son mari lui réserve ensuite d’autres surprises, comme ces milliers d’échanges avec des correspondants aux noms de "MeatMarketMan" (le boucher), le "coupeur de gorge", ou "Moody Blues" (humeur changeante). Gilberto leur a envoyé, entre autres, des photos de Kathleen avec le mode d’emploi de son exécution, invitant ses compères à "s’amuser en regardant le sang couler".
Le policier – qui se présente comme un kidnappeur professionnel – propose également à ses interlocuteurs de leur livrer des proies féminines contre 4 000 ou 5 000 dollars. Certaines étaient destinées à être violées et séquestrées, d’autres à être brûlées vivantes ou encore mangées. Intéressé, ledit "Moody Blues" suggère d’organiser  un barbecue humain lors d’un week-end entre amis à la montagne. Ce cannibale épicurien, qui se vante d’être un expert en gastronomie anthropophage,  suggère de mitonner un sauté de foie aux haricots noirs, le tout arrosé d’un petit verre de Chianti…
Pur fantasme ou signe d'un passage à l’acte ?
La police, qui a saisi et copié le contenu de l’ordinateur, suite de la plainte de Kathleen, n’a cependant pas pu trouver d’autres éléments à charge que cette correspondance. Et c’est bien le problème : Gilberto Valle, qui encourt une peine de prison à perpétuité, est jugé sur des intentions et non sur des actes. Du point de vue de la justice, le policier n’a, à ce jour, kidnappé personne, violé personne, il n’a jamais été violent à l’encontre d’une femme et n’a jamais testé le goût de la viande humaine.
L'homme, qui a plaidé non coupable, est poursuivi pour des fantasmes qu’il nourrit depuis l’adolescence, a déclaré à la cour son avocate, Julia Gatto. "Ce qui l’excite, c’est l’idée d’une femme huilée, ficelée, allongée sur une assiette avec une pomme dans la bouche, sur le point d’être mise au four", a-t-elle déclaré en introduction de son plaidoyer.
"Il y a des milliers et des milliers de gens qui s’adonnent aux mêmes activités en ligne", a-t-elle poursuivi, estimant que l’affaire Valle lève le voile sur la contre-culture méconnue d’une communauté d’internautes qui partagent les mêmes fantasmes sexuels, sans jamais passer à l’acte. Elle présente pour preuve un message dans lequel son client avoue à l’un de ses cyber compagnons : "Ce sont des fantasmes. Peu importe ce que je raconte, c’est juste pour faire semblant."
Reste que Gilberto Valle n’a pas hésité à fouiller dans les bases de données du NYPD pour trouver de nouvelles victimes. Il a également déjeuné avec certaines de ses proies potentielles, signe pour l’accusation que l'homme était en train de passer du rêve à la réalité. Et le procureur de lire un autre message dans lequel l'accusé avoue que "s’il était sûr à 100 % de s’en sortir, il penserait sérieusement à kidnapper une femme". En attendant, aucune des femmes rencontrées n’a noté de comportement violent ou inquiétant chez le policier. Quant aux demandes de livraison de chair fraîche, "Moody blues" les attend toujours et aucune transaction n'a jamais été enregistrée par la banque.
Gilberto Valle est attendu à la barre la semaine prochaine pour la première fois. Un témoignage essentiel qui permettra, peut-être,  au jury de faire la part entre rêves et réalité et de déterminer si on peut, ou non, condamner un homme pour ses fantasmes.