
Le scrutin législatif s'est ouvert dimanche en Italie. Observé avec inquiétude par les partenaires européens, ce vote pourrait aboutir à des majorités différentes à la Chambre des députés et au Sénat.
Les Italiens, soumis à une sévère cure d'austérité depuis plus d'un an, ont commencé à voter dimanche pour leurs députés et sénateurs, un scrutin observé à la loupe par Bruxelles qui craint une instabilité politique dans la troisième économie de la zone euro.
Quatre grandes coalitions s'affrontent devant les 47 millions appelés aux urnes: l'une, centriste, menée par le chef du gouvernement sortant Mario Monti, l'autre par son prédecesseur (centre-droit) Silvio Berlusconi, la troisième par le leader de la gauche Pier Luigi Bersani et enfin le trublion de la vie politique italienne l'ex-comique Beppe Grillo, dont les meetings à travers tout le pays ont rassemblé de véritables marées humaines.
Selon les derniers sondages disponibles, le Parti démocrate de M. Bersani part en effet gagnant avec près de 34% des intentions de vote, suivi du PDL de M. Berlusconi (30%). Beppe Grillo et son mouvement Cinq étoiles (M5S) raflerait 17% des voix et le Professore entre 10 et 12%.
"Je ne veux pas qu'on finisse comme la Grèce"
"Je vote pour le Parti démocrate, je ne veux pas qu'on finisse comme la Grèce", confie à l'AFP un cadre de 63 ans, Alessandro, qui a glissé son bulletin dans l'urne dès l'ouverture des bureaux à Milan. Même écho chez Caterina, 19 ans: "Le parti démocrate est le seul qui peut résoudre nos problèmes" ou Sara Di Gregori, avocate de 30 ans à Rome: "si Berlusconi revient ce sera un désastre".
"Il y a beaucoup de confusion dans ces élections. Je vote Berlusconi. Je sais qu'il a ses défauts, mais c'est le meilleur", confie de son côté Maria Teresa Gottardi, 65 ans. Parti sous les huées en novembre 2011 en laissant une Italie au bord de l'asphyxie financière, Silvio Berlusconi a effectué une remontée spectaculaire dans les sondages, promettant non seulement de baisser les impôts mais de rembourser ceux payés l'an dernier.
Le poids des indécis
"L'Italie vote dans l'incertitude", titrait samedi La Stampa, tandis que Il Fatto (gauche) notait que ce sont les indécis (10% selon les derniers sondages) qui feront la différence, sous le titre "Les indécis décident".
"L’abstention pourrait être assez élevée pour ce scrutin", confirme le correspondant de FRANCE 24 en Italie, Tristan Dessert. Selon le journaliste, le vote contestataire pourrait également exploser, notamment avec la présence de Beppe Grillo, qui catalyse la rage d'Italiens victimes du chômage et de la récession.
L’incertitude du scrutin soulève ainsi des craintes sur la stabilité du futur gouvernement. Le cas de figure d’une majorité différente à la Chambre et au Sénat rendrait le pays ingouvernable. Or, si M. Bersani semble assuré d'emporter la majorité à la Chambre des députés (où une seule voix de plus lui assure la majorité absolue des sièges), la situation est plus complexe au Sénat où tout dépend du poids des coalitions dans chacune des régions. La riche Lombardie, comparée à un mélange entre l'Ohio et la Californie, devrait d’ailleurs jouer un rôle-clé au cours ce vote.
Avec dépêches