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Oscar Pistorius, présumé meurtrier, "sous l'emprise de produits dopants"

Oscar Pistorius comparaît mardi pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp. Selon le Dr de Mondenard, spécialiste du dopage, la prise de stéroïdes anabolisant par l’athlète sud-africain pourrait expliquer son geste.

L’avenir d’Oscar Pistorius, premier champion paralympique double amputé à s'aligner dans les épreuves pour les valides lors des Jeux Olympiques de Londres l’an dernier, s’assombrit. La thèse du simple accident, évoquée quelques heures après la mort le jour de la Saint-Valentin du mannequin Reeva Steenkamp que Pistorius aurait confondu avec un cambrioleur, ne tient plus.

Un scénario macabre d’une violence inouïe

Selon la presse sud-africaine et notamment l’hebdomadaire City Press, le sportif sud-africain aurait tiré une première balle depuis sa chambre en direction de sa compagne. Celle-ci, touchée à la hanche, se serait alors enfermée dans la salle de bain. L’athlète de 26 ans aurait alors tiré trois balles en plus.

Une batte de cricket ensanglantée retrouvée à son domicile aurait également servi à l’athlète pour frapper le mannequin et/ou détruire la porte de la salle de bain dans laquelle s'était barricadé la jeune femme.

Le champion paralympique aurait alors appelé son père vers 3h20 jeudi matin, lui demandant de venir au plus vite. Mais il n’a appelé ni la police, ni une ambulance. C’est le père d’une amie à qui Pistorius avait aussi demandé de l’aide qui a finalement contacté les secours.

Ce scénario macabre, d‘une violence inouïe, s'expliquerait en partie par la prise prolongée de stéroïdes anabolisants. La police en aurait retrouvé à son domicile.

Les stéroïdes anabolisants pointés du doigt

"La probabilité que les stéroïdes anabolisants aient influé sur le comportement d’Oscar Pistorius est proche de 100 %". Les affirmations du docteur Jean-Pierre de Mondenard ne laissent pas de place au doute. Selon cet éminent spécialiste de la lutte anti-dopage, les agissements de l’athlète sud-africain, la nuit de la Saint-Valentin s’expliquerait en partie par une prise prolongée de ces produits dopants très populaires, notamment auprès des culturistes.

Folie meurtière liée aux stéroïdes

Le double champion du monde de lutte Chris Benoit a été retrouvé mort à son domicile le 25 juin 2007, aux côtés des corps de sa femme et de son fils de sept ans. Selon les enquêteurs, ce sportif de haut niveau, âgé de 40 ans, aurait tué sa famille avant de se pendre. Après autopsie, on a découvert que Chris Benoit avait consommé plusieurs drogues et dopants, dont des stéroïdes, qui auraient pu provoquer un accès de folie meurtrière. "Le cerveau de Benoit était si sévèrement endommagé par les stéroïdes qu'il ressemblait au cerveau d'une personne de 85 ans atteinte d'Alzheimer", notait le rapport. 

"Ces produits ont été très populaires dans les années 60 ; ils étaient alors considérés comme des vitamines. Ils permettent d’augmenter la masse musculaire et la densité osseuse. Mais les effets secondaires sont ravageurs. Il a fallu du temps pour s’en apercevoir, mais aujourd’hui on sait que la consommation de stéroïdes anabolisants, pratique totalement interdite par le Comité international olympique (CIO), influe sur le comportement avec des accès de paranoïa, de rage…", explique le médecin.

"Je suis certain à 99,9 % que Pistorius prenait des stéroïdes anabolisants. De toute manière, leurs utilisations est très courante dans le 400 m [la discipline d’Oscar Pistorius, NDLR]. Ce produit, dont la testostérone est le chef de file, est un dérivé de l’hormone mâle qui génère notamment l’agressivité et la violence."

"La rage des stéroïdes"

Les effets nocifs des anabolisants très utilisés dans le football américain et en hockey sur glace, sont d’ailleurs bien connus des anglo-saxons. Il s’agit de la "rage des stéroïdes [roid rage]", poursuit-il.

Devant les tribunaux, de nombreux avocats de sportifs ont effectivement plaidé la prise de stéroïdes pour expliquer le comportement agressif de leurs clients, afin de leur éviter de nombreuses années de détention. "Si Pistorius doit passer le reste de sa vie en prison, il va forcément dire qu’il prenait des produits dopants. Si cela peut diminuer sa peine, il va forcément l’évoquer pendant son procès", reprend de Mondenard.

Selon l’hebdomadaire City Press, les enquêteurs qui ont un dossier "solide comme un roc" contre Pistorius auraient d'ailleurs demandé une prise de sang pour déceler une éventuelle prise de drogues et de stéroïdes.

"Ce n’est pas la première fois que l’on est confronté à cela", rappelle Jean-Pierre de Mondenard. "Souvenez-vous de l'extrémiste norvégien Anders Behring Breivik [auteur de deux attaques le 22 juillet 2011 en Norvège, NDLR]. La justice avait constaté qu’il était sous l'emprise de stéroïdes anabolisants au moment de la tuerie qui a coûté la vie à 77 personnes".