
Les pourparlers entre l'AIEA et Téhéran n'ont pas permis d'aboutir à un accord sur le plan de vérification du programme nucléaire iranien. Cet échec intervient à moins de deux semaines des discussions prévues avec les six grandes puissances.
L'Iran et l'AIEA n'ont de nouveau pas réussi à conclure un accord sur un plan de vérification du programme controversé de Téhéran, un échec de mauvais augure avant la reprise dans moins de deux semaines de négociations avec les grandes puissances.
"Nous avons eu des discussions sur un document d'approche structurée" visant à examiner une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, "qui n'a pas pu être finalisé", a déclaré jeudi Herman Nackaerts, le chef des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à son retour d'une mission d'une journée à Téhéran.
Cette rencontre était la huitième du genre en l'espace d'un peu plus d'un an et la troisième depuis la mi-décembre.
"Nous ne nous sommes pas encore mis d'accord sur une date pour la prochaine réunion", a-t-il précisé à l'aéroport de Vienne.
Le veille, le représentant iranien auprès de l'agence onusienne Ali Asghar Soltanieh avait fait part d'avancées. "Des divergences ont été réglées et un accord sur certains points des modalités (de ce cadre) a été trouvé", avait-il dit, sans plus de détails.
Interrogé sur d'éventuels progrès, M. Nackaerts est quant à lui resté évasif: "vous comprendrez que cela fait partie des négociations et qu'il est difficile pour moi de faire un commentaire à ce sujet".
"Notre engagement à poursuivre le dialogue est inébranlable", a-t-il affirmé. "Nous allons travailler dur afin de résoudre les différends qui restent", a-t-il dit.
L'AIEA cherche à avoir un accès plus large à des sites, individus ou documents, pouvant éclaircir les points soulevés dans son rapport de 2011. Ce document contenait des éléments, présentés comme crédibles, selon lesquels l'Iran avait travaillé à la mise au point de la bombe atomique avant 2003 et peut-être après.
La République islamique dément formellement avoir voulu -et vouloir- se doter de l'arme atomique.
L'AIEA insiste notamment depuis un an pour visiter la base militaire de Parchin, où elle soupçonne les autorités d'avoir procédé à des tests d'explosion conventionnelle applicable au nucléaire. L'agence accuse Téhéran d'effacer toute trace compromettante sur les lieux.
Comme lors de visites précédentes, "l'accès à Parchin ne nous a pas été autorisé", a regretté M. Nackaerts.
Le directeur général de l'AIEA Yukiya Amano doit informer les pays membres de l'état des discussions avec l'Iran dans son rapport trimestriel attendu fin février.
Le conseil des gouverneurs devra décider ensuite lors de sa réunion début mars s'il épingle de nouveau l'Iran, en demandant cette fois la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies. Washington avait menacé de le faire en cas d'absence de progrès.
Jeudi, la France a dénoncé "le refus persistant" de l'Iran de finaliser ses discussions avec l'AIEA. "L'Iran doit coopérer avec l'Agence en vertu de ses obligations internationales", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Philippe Lalliot. Le conseil des gouverneurs devra en mars "faire un constat sans concessions des manquements iraniens", a-t-il prévenu.
Ce nouvel échec des discussions intervient avant la reprise, le 26 février à Almaty, au Kazahkstan, de discussions diplomatiques entre l'Iran et les grandes puissances, dans l'impasse depuis huit mois.
L'Iran exige un allègement des sanctions internationales sans précédent dont il fait l'objet contre toute réduction de son activité d'enrichissement d'uranium. Une demande rejetée par le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne).
Les six puissances craignent que l'Iran veuille enrichir de l'uranium jusqu'à un degré de pureté de 90%, nécessaire à la fabrication de la bombe atomique, ce que le pays dément.
Téhéran aurait pu "encourager les bonnes volontés en concluant un accord sur le long terme avec l'AIEA sur les questions concernant ses activités nucléaires du passé", estime Mark Fitzpatrick, de l'institut international de recherches stratégiques (IISS) à Londres.
Au lieu de ça, il règnera "une atmosphère de méfiance et de suspicion" à Almaty, ajoute-t-il, jugeant la rencontre d'ores et déjà vouée à l'échec.
AFP