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Nantes : le chômeur immolé avait été sanctionné pour travail au noir

Un chômeur en fin de droits s'est donné la mort en s'immolant par le feu devant une agence de Pôle emploi, mercredi à Nantes. L'homme avait été sanctionné par l'organisme pour travail au noir. Il a péri malgré les policiers postés aux abords du site.

Djamal Chaab, un chômeur en fin de droit d'indemnisation de 43 ans, a mis fin à ses jours mercredi 13 février à Nantes en s'immolant par le feu devant l'agence Pôle emploi de son domicile après s'être aspergé d'essence, a-t-on appris de sources policières.            

Après le dramatique incident, le ministre du Travail et de l'Emploi Michel Sapin a estimé que "tout a été fait" pour empêcher, sans y parvenir, l'immolation mortelle du chômeur.

Précédents cas d'immolation en France

Le 8 août 2012, en plein entretien avec un conseiller de la Caisse d'allocations familiales (Caf) de Mantes-la-Jolie (Yvelines), un chômeur de 51 ans s'était aspergé de liquide inflammable avant d'y mettre le feu. Il avait succombé à ses blessures.

En octobre 2011, une enseignante de 44 ans est morte après s'être immolée dans la cour de son lycée à Béziers dans l'Hérault.

"Il y avait ici ce matin tous les services de Pôle Emploi et les services extérieurs en termes de police et de pompiers pour faire face à un drame dont on connaissait l'intensité : tout a été fait, ce qui s'est passé ici est exemplaire", a jugé le ministre sur les lieux du drame.

Travail au noir

Selon Pôle emploi, l'homme avait déposé fin décembre une demande d'allocation suite à une fin de mission en intérim. Mais "les conditions d'ouverture de droits à l'assurance chômage n'étant pas réunies, une demande d'allocation spécifique de solidarité (ASS) lui a été remise", explique l'organisme.

"Il avait travaillé sans le déclarer à nos services, explique Julien Chaillou, délégué CGT de Pôle emploi Nantes, interrogé par le "Parisien", il a donc perçu des allocations en même temps que son salaire. Dans ce cas-là, c'est la double peine. Non seulement on réclame le trop-perçu mais, en plus, on n'ouvre pas de nouveaux droits au chômage".

Plusieurs médias locaux avaient reçu le même jour un mail de cet homme annonçant son intention de passer à l'acte dans la semaine, devant son agence de Nantes-Est, pour protester contre le rejet de son dossier alors qu'il estimait avoir travaillé suffisamment d'heures. Mais ni les pompiers, ni la police n'ont pu l'empêcher de passer à l'acte.

Un policier, cité par le quotidien local "Presse Océan", a affirmé que "[mercredi à 8 heures] nous avons essayé de joindre cet homme, mais il ne répondait pas." Il a ensuite expliqué qu'"une surveillance [avait] été mise en place aujourd'hui [mercredi], à proximité de l'agence Pôle emploi. Mais cet homme est arrivé par une rue adjacente. Il était déjà en flammes. Et hors de la vue des policiers." A l'arrivée des secours, l'homme était déjà mort.

"Pôle Emploi ne peut pas se dédouaner de ses responsabilités"

Pour Michel Sapin, Pôle Emploi ne peut être mise en cause. "Les règles [d'indemnisation, ndlr] ont été appliquées avec l'humanité qui convient, avec les explications nécessaires mais il y a parfois des moments où on est dans une telle situation, qu'on ne comprend plus les explications", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a exprimé sa "très forte émotion". "Ce drame nous interpelle tous, on ne peut être que choqué", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, la CGT chômeurs "dénonce l'inhumanité avec laquelle les chômeurs sont traités, les poussant comme aujourd'hui à mourir de pauvreté sous couvert de l'application d'une règle qui ne sert qu'à sanctionner, fliquer et humilier les chômeurs". "Pôle emploi ne peut pas se dédouaner de ses responsabilités dans cette affaire même si la procédure a été respectée", écrit-elle.

FRANCE 24 avec dépêches