
Après les combats entre islamistes et soldats français et maliens dans le centre de Gao, la tension est restée vive, lundi 11 février. Le marché, situé non loin du commissariat, a été évacué dans la journée par crainte d'un attentat.
La tension est encore palpable, ce lundi 11 février, à Gao, la plus grande ville dans le nord du Mali. Les militaires français ont déminé les ruines du commissariat et de ses alentours après un bombardement à l'aube pour éliminer les islamistes armés qui s'y étaient retranchés.
Le marché, qui se trouve à proximité du commissariat, a également été évacué. Les accès menant au bâtiment ont été bouclés et des militaires français patrouillaient dans le secteur.
"Nous sommes dans la crainte d'un attentat, c'est pour cela que pour des raisons de sécurité, nous avons évacué le marché de Gao", a déclaré un officier de l'armée malienne à un journaliste de l'AFP.
Dans la nuit de dimanche à lundi à Gao, deux explosions ont été entendues. Elles seraient dues à des "tirs [de l'armée malienne] pour éclairer les zones de combat", a rapporté ce lundi Willy Bracciano, l'envoyé spécial de FRANCE 24, à Gao.
"J'ai entendu cette nuit vers 1h30 deux explosions. Les militaires m'ont dit qu'ils procédaient à des tirs pour éclairer la zone de combat. Ça a fait une grande lumière dans le ciel", détaille-t-il.
Selon le journaliste de FRANCE 24, cette initiative s'explique par le fait qu'"il y a eu des combats près du check-point de Bouren (...) à 2 km du centre-ville de Gao. Les militaires voulaient voir les assaillants [islamistes] qui tentaient de pénétrer dans la ville".
Ce point de contrôle de Bouren avait déjà été la cible de kamikazes islamistes, vendredi et samedi.
Plusieurs témoins ont également raconté à l'AFP qu'un "hélicoptère" de l'armée française avait bombardé dans la nuit de dimanche à lundi le commissariat central de Gao où se trouvaient des islamistes armés.
Combats toute la journée de dimanche
"J'ai déterminé qu'il existait une situation d'urgence imprévue requérant une assistance militaire immédiate au Tchad et à la France dans leurs efforts en cours pour protéger le Mali des terroristes et des extrémistes violents", a déclaré le président des États-Unis dans un mémorandum mentionnant la somme de 50 millions de dollars.
Ainsi, Barack Obama a invoqué une clause prévue par la loi américaine qui dispose qu'une rallonge du budget de la Défense est possible pour aider un pays étranger en cas de situation d'urgence.
Les États-Unis ont engagé depuis le 21 janvier un soutien en matière de renseignement ainsi que des ressources de transport aérien pour aider la France. Des dépenses évaluées jusqu'à présent "à peu près 12 millions de dollars", de source militaire.
Hier, dimanche 10 février, l’armée malienne avait dû appeler en renfort les troupes françaises pour venir à bout d’un commando islamiste du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui s’était infiltré dans la ville, par la rivière. Les échanges de tirs entre soldats et islamistes avaient éclaté en début d'après-midi au cœur de la ville, près du commissariat central - siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao.
À leur arrivée, les soldats français ont été assaillis par les islamistes qui n’ont cessé de harceler les troupes maliennes et françaises en multipliant leurs attaques ces derniers jours : attentats-suicides, pose de mines le long des routes et désormais opérations armées en pleine ville. Très nerveux, les soldats français et maliens ont patrouillé toute la journée dans les rues de la ville tandis qu'un hélicoptère français d'attaque Tigre survolait la zone.
Les habitants terrés chez eux
"Les fidèles de Dieu ont attaqué avec succès l'armée malienne, qui a laissé venir les ennemis de l'islam à Gao. Les combats vont se continuer jusqu'à la victoire, grâce à la protection de Dieu. Les moudjahidines sont dans la ville de Gao et y resteront", avait déclaré dimanche à l'AFP Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao. Les habitants, terrifiés, sont restés terrés chez eux. L'armée française a indiqué avoir évacué une cinquantaine de journalistes du centre de Gao.
Pour le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ces attaques ne sont pas une surprise : "Personne ne pouvait imaginer qu’en un mois, la partie nord, contrôlée par les islamistes, deviendrait un havre de paix", a-t-il déclaré, dimanche soir, sur BFM TV.
(FRANCE 24 avec dépêches)