
Le PDG fondateur Michael Dell et le fonds d’investissement américain Silver Lake vont racheter l’ensemble du capital de Dell pour une valeur de 24,4 milliards de dollars. Le constructeur informatique espère ainsi échapper à la pression des marchés.
Dell a décidé qu’il serait préférable de régler ses problèmes en famille loin du regard des actionnaires. Le numéro trois mondial des fabricants de PC a entamé, mardi 5 janvier, son retrait de la Bourse.
C’est Michael Dell, le PDG et fondateur du groupe texan, et le fonds d’investissement Silver Lake (pour 15 milliards de dollars) qui vont racheter l’intégralité des actions en circulation pour un total de 24,4 milliards de dollars (18,02 milliards d'euros). Microsoft participe aussi - à hauteur de deux milliards de dollars - à cette opération boursière, l’une des plus importantes depuis le début de la crise financière de 2008.
Pour Dell, c’est surtout un constat d’échec. Cotée à la Bourse de New York depuis 25 ans, l’action du groupe valait plus de 60 dollars au début des années 2000 et s’est effondrée depuis à moins de 13 dollars.
La décision de se mettre à l’abri du regard des marchés souligne ainsi à quel point le fabricant de PC a raté le train des dernières évolutions technologiques et de l’émergence des smartphones et tablettes.
Folie des smartphones
Fondé par Michael Dell en 1984 dans sa chambre d’étudiant avec une mise de départ de 1 000 dollars, le constructeur américain valait douze ans plus tard un milliard de dollars. Le constructeur a bâti son succès en offrant à ses clients du sur mesure alors que ses principaux concurrents, HP ou IBM, livraient des ordinateurs déjà pré-configurés où l’acheteur n’avait pas le choix des composants.
Dell évitait aussi de passer par des intermédiaires - toujours coûteux - ses clients ne pouvant commander que par téléphone et sur l’Internet. Cette tactique a permis à l'entreprise de gravir rapidement les marches du podium des constructeurs de PC et de dominer le marché au début des années 2000.
Mais le groupe n’a pas anticipé deux tendances qui ont fondamentalement bouleversé le marché de l’informatique grand public. Ainsi les groupes asiatiques comme les Taïwanais Asus ou Acer puis le Chinois Lenovo ont inondé le marché de modèles à bas prix qui ont fait de l’ombre aux groupes historiques américains comme HP et Dell.
En outre, la folie des smartphones, avec notamment la sortie du premier iPhone en 2007, puis celle des tablettes avec l’iPad en 2010 ont aussi sérieusement ébranlé le secteur des PC. Le lent déclin des ordinateurs personnels auxquels les consommateurs préfèrent dorénavant les alternatives mobiles toujours plus puissantes a destabilisé encore davantage Dell.
Question de patience
Ainsi le secteur des PC a chuté de 3,5% en 2012 et la santé financière du constructeur américain suit une courbe similaire. En 2013, Dell devrait avoir un chiffre d’affaires de 2,98 milliards de dollars contre 3,49 milliards de dollars en 2012.
Le rachat de Dell par Dell doit permettre au groupe d’échapper à des actionnaires de plus en plus nerveux qui n’auraient qu’une vision à court terme de la stratégie du constructeur. “Grâce à cette opération, nous pouvons offrir une compensation financière immédiate à nos actionnaires tandis que nous pourrons nous concentrer sur notre stratégie à long terme”, a ainsi expliqué Michael Dell en confirmant le début de l’opération de rachat.
D’après DealBook, le très influent blog sur les opérations boursières du New York Times, Dell va tenter de s’éloigner du marché des PC pour se spécialiser de plus en plus dans la construction de serveurs d’entreprises et de service de stockages de données. Une mutation qui va prendre du temps. Un retrait de la Bourse permet aussi assurément à Michael Dell d’en gagner un peu. Mais combien ? Tout dépendra de la patience du fonds d’investissement Silver Lake.