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Pour sa 11e édition, le Festival international du film des droits de l'Homme a fait appel à un jury composé, entre autres, de sept détenus. Au total, 24 films, dont 10 inédits, doivent être présentés du 5 au 12 février à Paris et en banlieue.

Sept détenus de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis feront partie d'un des jurys de la 11e édition du Festival international du film des Droits de l'Homme de Paris (FIFDH), qui se tient du 5 au 12 février dans la capitale et en banlieue.

Femmes en lutte, droit à l'environnement, crise économique, révolutions arabes: le FIFDH, créé en 2003, propose une sélection de films documentaires qui ont pour sujet la défense et la promotion des droits humains.

Sur les 24 films programmés au cinéma Le Nouveau Latina (IVe arrondissement) et dans plusieurs salles de Paris et d’Ile-de-France (Pantin, Montreuil, Créteil et Ris-Orangis), une dizaine sont inédits en France et neuf sont présentés en compétition.

"On voit très peu ce genre de documentaires à la télévision française, c'est lié à la politique des chaînes qui sont formatées", déclare Jonathan Dauvey, délégué général du festival et chargé de la programmation.
Cette année, les organisateurs ont convié des détenus et du personnel pénitentiaire de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis à constituer un jury. Composé de sept détenus, deux conseillers de probation et d'insertion et d'un surveillant de la maison d'arrêt, ce jury décernera un prix. Deux autres jurys, formés respectivement de lycéens et d'apprentis, récompenseront chacun deux films.

"Nous avons lancé un appel pour former un jury, puis nous avons vu les personnes intéressées en entretien pour discuter de leur motivation", explique à l'AFP Patricia Théodose, du service pénitentiaire d'insertion et de probation de l'antenne Fleury-Mérogis.

"Le jury et une cinquantaine d'autres détenus ont assisté à des projections au sein de la maison d'arrêt. Après chaque film, il y a eu un débat puis la délibération du jury", raconte Jonathan Vaudey. "C'était un moment très beau, il n'y avait plus de hiérarchie entre les membres du jury, c'étaient simplement des hommes qui discutaient de leurs opinions", ajoute-t-il.

Fenêtre sur le monde

"Les personnes détenues ont vécu ça comme une bouffée d'oxygène. C'était comme une fenêtre sur le monde extérieur", selon M. Dauvey. "J'ai vu des individus évoluer, certains timides se sont véritablement révélés en participant activement aux débats", ajoute Mme Théodose.

Le 12 février, les membres du jury de Fleury-Mérogis seront présents au Nouveau Latina pour remettre leur prix lors de la cérémonie de clôture. "Nous avons organisé cette sortie pour aller au bout de l'expérience. Le fait que les détenus se déplacent en personne pour remettre leur prix est indispensable", a expliqué Patricia Théodose.

"Les membres du jury purgent tous des peines supérieures ou égales à 24 mois, ce sont eux qui ont le plus besoin de ce lien +dedans/dehors+", ajoute-t-elle.

Fleury-Mérogis organise depuis 2010 un festival de cinéma au sein de la maison d'arrêt, mais c'est la première fois qu'elle s'associe à une manifestation extérieure.

Outre la projection de films, différents évènements rythmeront le festival. Une exposition photo intitulée "Vivre avec les Roms" sera visible au Nouveau Latina. La Maison des Cultures du Monde (VIe arrondissement) et le Centre d’animation Curial (XIXe) accueilleront plusieurs tables rondes autour de questions liées aux mouvements de protestation à travers le monde et à la lutte contre les discriminations.

AFP