Orange et SFR viennent de donner le coup d’envoi de la 4G pour le grand public à Paris. Derrière les promesses d'un accès beaucoup plus rapide à Internet, cette nouvelle technologie est aussi une arme dans la guerre des télécoms.
C’est parti. Les Parisiens peuvent goûter aux joies supposées de l’Internet très haut débit sur leurs appareils mobiles. Les deux principaux opérateurs ont, en effet, commencé à ouvrir leur réseau 4G dans la capitale française. Orange s’est engouffré le premier dans la brèche, le 28 janvier, depuis le quartier de l’Opéra. Le lendemain, SFR a lancé son réseau très haut débit depuis la Défense.
Pour l’heure, ces deux lancements relèvent plutôt du coup médiatique pour occuper le terrain. L’ensemble des Parisiens devront encore attendre quelques mois avant de pouvoir accéder, chez ces deux opérateurs, aux vertus du surf à très haute vitesse partout dans la capitale française.
Mais ce coup d’envoi n’en demeure pas moins une étape importante pour les opérateurs télécoms français. S’ils sont prompts à en souligner les avantages - en terme de confort d’accès au Net - pour les utilisateurs, ils soulignent moins les profits qu’ils comptent tirer de cette nouvelle technologie. Tour d’horizon des enjeux de la 4G.
La 4G, c’est quoi ? Il s’agit de la quatrième génération de réseau pour téléphones portables. Elle est présentée comme la révolution copernicienne de l’Internet mobile. “C'est radicalement différent, c'est comme passer du noir et blanc à la couleur”, s’enflamme Stéphane Roussel, le PDG de SFR, sur le site économique français La Tribune.
Utiliser la 4G pour surfer sur le Web depuis son téléphone portable (ou sa tablette) permet, en théorie, de bénéficier d’un débit cinq fois supérieur à celui proposé actuellement par la 3G. La vitesse d’accès à l’Internet devrait être similaire à celle proposée par la fibre optique (jusqu’à 100 mégabits/sec) chez soi sur son ordinateur fixe.
La 4G, c’est pour qui ? Pour l’instant, peu de monde y a vraiment accès. Pour pouvoir en bénéficier, il faut se trouver dans une zone couverte et avoir un terminal (téléphone portable, tablette ou clef 4G) compatible.
La couverture géographique démarre seulement. Dans quelques villes, comme Nantes, Lyon ou Marseille, Orange propose déjà la 4G à ses clients pro. Pour le grand public, c’est d’abord à Paris que cela se passe. La disponibilité de ce réseau va s’étendre au fil des mois sur l’ensemble du territoire de la capitale.
Le reste de l’Hexagone va en bénéficier petit à petit : des villes comme Marseille, Lyon ou Strasbourg devraient voir arriver la 4G pour le grand public à partir du “premier trimestre 2013”, selon les déclarations faites ces derniers mois aussi bien chez SFR que chez Orange. Le troisième larron des "historiques", Bouygues, promet aussi de déployer sa 4G dans le courant de l'année 2013. En juin 2012, la filiale mobile de France Telecom affirmait que son objectif était de fournir la 4G à 50 % de la population française d’ici à 2014.
Encore faut-il que les “mobinautes” (des personnes qui utilisent l’Internet sur un terminal mobile) soient équipés. La plupart des smartphones de dernière génération - Galaxy S3, HTC One X ou encore Motorola RAZR HD - sont compatibles avec la 4G. Reste une ombre majeure au tableau : l’iPhone 5 ne l’est pas. En fait, les Américains peuvent l’utiliser pour accéder au nirvana du Web très haut débit, mais la technologie utilisée par Apple n’est pas compatible avec la 4G mise en œuvre en France...
La 4G, c’est bon pour qui ? Les grands consommateurs de vidéos, de musique en “streaming” (écoute depuis l’Internet) devraient adorer la 4G. Mais les opérateurs télécoms espèrent l’aimer encore plus.
C’est, en effet, enfin un moyen pour les acteurs historiques - Orange, SFR et Bouygues - de sortir du piège de Free qui s’est imposé en cassant les prix. L’arrivée de cette nouvelle technologie promet des forfaits plus chers. Au Royaume-Uni, souscrire un abonnement avec la 4G coûte environ 10 livres sterling en plus. Chez Orange, les nouveaux forfaits grand public - qui doivent être dévoilés le 4 février - devraient “coûter entre 5 et 10 euros de plus [qu’un abonnement 3G, NDLR]”, assure aux journal Les Échos Gervais Pellissier, directeur général délégué et directeur financier de France Télécom-Orange.
Pas sûr que tout le monde joue ce jeu de la hausse des tarifs. Ainsi, SFR a d’ores et déjà indiqué qu’il ne comptait pas, pour l’instant, augmenter le prix de ses abonnements “4G Ready” (à partir de 40 euros par mois). Et puis Free n’est pas exclu de la grande bataille de l’Internet très haut débit. Il dispose de 20 % des fréquences affectées à la 4G par l’Arcep (autorité des télécommunications) depuis la fin de 2011. Mais l’opérateur “low-cost” n’a pas encore dévoilé quand et à quel prix il comptait proposer la 4G à ses clients.