La proposition de David Cameron d'organiser un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne suscite de nombreuses réactions. Plusieurs dirigeants européens se sont dits opposés à l'idée d'une "Europe à la carte".
Impossible de négocier l'Europe. François Hollande a donné, mercredi, une fin de non recevoir au Premier ministre britannique David Cameron, suite à la perspective brandie par ce dernier d'un référendum au Royaume-Uni sur le maintien du pays dans une Union européenne préalablement réformée.
"Le Royaume-Uni peut parfaitement décider par un référendum de rester ou de quitter l'Union européenne, c'est la décision et des gouvernants de ce pays et des Britanniques eux-mêmes", a déclaré le président français devant la presse à Grenoble. "Mais ce que je dis au nom de la France, en tant qu'Européen, c'est qu'il n'est pas possible de négocier l'Europe pour faire faire ce référendum".
"L'Europe, elle doit se prendre telle qu'elle est. On peut la faire évoluer demain, mais on ne peut pas l'abaisser, la diminuer, sous prétexte de proposer d'y rester", a ainsi déclaré François Hollande, se faisant l'écho de nombre de représentants politiques européens, inquiets des conséquences de la volonté britannique.
"Quand on adhère à un club de foot, on ne peut pas jouer au rugby"
"On ne peut pas faire l'Europe à la carte", avait auparavant lancé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. "Admettons que ce soit un club de football : on adhère à ce club, mais une fois qu'on est dedans, on ne peut pas dire on joue au rugby", a-t-il ajouté.
Son homologue allemand, Guido Westerwelle, a utilisé les mêmes mots, soulignant que "choisir à la carte n'est pas une option".
"Je suspecte M. Cameron de jouer un jeu dangereux avec cette proposition de référendum pour des raisons tactiques et de politique intérieure", a affirmé, quant à lui, le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz.
Pour l'heure, a estimé de son côté le leader des Verts européens, Daniel Cohn-Bendit, il s'agit plutôt d'"exercer un chantage" sur l'UE.
"Un débat positif"
Cependant, d’autres réactions se sont voulues plus positives du côté des Pays-Bas. Le Premier ministre libéral Mark Rutte a ainsi salué l'appel de son homologue à des réformes au sein de l'UE.
"Le débat est positif, mais ce qui ne serait pas positif, ce serait que la Grande-Bretagne quitte l'UE. Ce serait mauvais pour la Grande-Bretagne et mauvais pour l'Europe", a-t-il assuré.
La Commission européenne a, pour sa part, souhaité dédramatiser la situation : "La Commission salue la déclaration sans équivoque du Premier ministre selon laquelle il veut maintenir la Grande-Bretagne dans l'Union européenne", a déclaré sa porte-parole, Pia Ahrenkilde-Hansen, ajoutant qu'il était "dans l'intérêt de l'Europe et dans le propre intérêt de la Grande-Bretagne d'être un membre actif au centre de l'Union européenne".
Quant à la proposition de référendum, Bruxelles est soulagé de constater que cette consultation populaire demeure une perspective lointaine et incertaine. Il faut encore que M. Cameron remporte les législatives de 2015 et qu'il persiste ensuite dans sa volonté de faire voter les Britanniques.
FRANCE 24 avec dépêches