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Ouverture d'une enquête judiciaire sur la fuite de gaz nauséabond à Rouen

Débutée mercredi matin, la neutralisation du gaz qui s'est échappé d'une usine à Rouen devrait se prolonger pendant plusieurs nuits. Parallèlement, une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Rouen.

Une enquête judiciaire a été ouverte à la suite du dégagement de gaz nauséabond dans une usine chimique de Rouen, senti jusqu'à Paris et en Angleterre, les pouvoirs publics soupçonnant une "négligence ou une faute" sur le site où les opérations de neutralisation se poursuivaient mercredi.

Pendant la nuit, le début de l'opération de neutralisation du mercaptan, un gaz, potentiellement toxique à forte concentration, qui s'échappe depuis lundi de l'usine Lubrizol, classée Seveso, s'est "bien passé", a indiqué à la presse mercredi matin le préfet de Seine-Maritime, Pierre-Henry Maccioni.

Alors que l'odeur d'oeuf pourri qui s'était répandue lundi n'était plus détectable à Rouen, le préfet a précisé que la concentration de mercaptan à la sortie de la cheminée de Lubrizol était tombée de 80 parties par millions (ppm) au début de la fuite à moins de 20 mercredi matin.

La direction de l'usine a lancé progressivement à partir d'une heure du matin l'opération de neutralisation, qui a permis selon le préfet de traiter 2 tonnes de produit sur les 35 que compte le bac à mélange où une réaction inattendue s'est déclenchée lundi. Le processus, qui consiste à mélanger le mercaptan à de l'eau sodée, devrait connaître "une montée en charge progressive", a indiqué M. Maccioni.

Les opérations, qui devaient initialement s'interrompre dans la journée, vont se poursuivre compte-tenu d'une météo favorable, selon le préfet, qui considère que "les risques sont écartés".

"La seconde phase est en cours et devrait permettre de traiter 12 tonnes de produits, sur un total de 36 tonnes, dans la journée", a fait savoir mercredi dans la matinée la préfecture.

Le parquet de Rouen a indiqué mercredi à l'AFP qu'une enquête judiciaire ouverte mardi avait été confiée à la gendarmerie pour "mise en danger de la vie d'autrui".

421 sites Seveso en France

La ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, qui a annoncé mardi soir à l'AFP l'ouverture d'une enquête administrative, a estimé mercredi sur Europe 1 qu'il y avait "sans doute eu une négligence ou une faute qui a entraîné cette réaction chimique", sans s'avancer sur une éventuelle "erreur humaine ou faute technologique".

Mme Batho a averti que le nettoyage de la cuve allait durer "peut-être plusieurs jours" mais elle a voulu une nouvelle fois rassurer. "Il n'y a pas d'évacuation parce qu'elle n'est pas nécessaire, que la situation est maîtrisée, sous contrôle", a-t-elle dit. Elle a toutefois tenu à tirer les leçons de la crise.

"Vous avez aujourd'hui en France 421 sites Seveso pour lesquels ont été prescrits des plans de prévention des risques technologiques et moins de la moitié aujourd'hui ont un plan de prévention des risques qui soit abouti et mis en oeuvre", a déploré la ministre.

"C'est la situation que nous a léguée le précédent gouvernement. Nous travaillons d'arrache-pied à cette prévention des risques technologiques et il faut encore mettre l'accélérateur par rapport à la situation de tous ces sites Seveso qui sont à proximité des habitations", a-t-elle déclaré, alors que l'usine Lubrizol ne se trouve qu'à quelques encablures du centre de Rouen, dans la zone portuaire.

Le mercaptan est utilisé habituellement dans le gaz de ville, inodore, afin de rendre ce dernier détectable en cas de fuite. Poussé par les vents, sa présence dans l'atmosphère a semé l'inquiétude jusqu'en région parisienne et dans le sud de l'Angleterre, où de nombreux habitants ont alerté les services de secours.

L'affaire a provoqué les railleries de la presse anglaise dont plusieurs titres ont évoqué la "puanteur française".

La mise en place d'un "plan particulier d'intervention" (PPI) par arrêté préfectoral a aussi provoqué l'annulation du match de 16e de finale de la Coupe de France de football qui devait opposer mardi soir Rouen à Marseille.

Les restrictions de circulation mises en place mardi soir aux abords de l'usine ont été levées vers 07H30. Les cinq entreprises de la zone et les 270 salariés qui y travaillent ont repris leur activité normale, a précisé la préfecture en fournissant un numéro de téléphone (02 32 76 55 66) pour informer les riverains.

AFP

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