Durant le mercato d'hiver, Newcastle United a fait main basse sur les joueurs du championnat français en recrutant Debuchy, Haïdara et Yanga-Mbiwa. L'équipe anglaise compte désormais près d'une dizaine de footballeurs "made in France".
Après un feuilleton de plusieurs jours, l’international français Loïc Rémy s’est finalement engagé le 16 janvier avec les Queen Park Rangers pour un contrat de quatre ans et demi. L’attaquant de Marseille avait pourtant laissé planer le doute sur un possible transfert vers Newcastle.
"C'est vrai que j'ai hésité entre Newcastle et QPR. J'ai rencontré l'encadrement de Newcastle et au moment de prendre ma décision je me suis basé sur deux éléments: d'abord je connaissais déjà l'entraîneur Harry Redknapp (NDLR: de QPR) et ensuite je suis très attiré par le projet d'avenir de QPR", avait déclaré le joueur juste après l’annonce de son départ en Premier League.
Deux signatures en une journée
Malgré cette déconvenue, le "Newcastle United Football Club" lorgne toujours du côté de la France. Après avoir fait venir Mathieu Debuchy de l'autre côté de la Manche début janvier, les Magpies (les pies) ont fait coup double aujourd'hui en signant deux "Frenchies".
En début de matinée, le recrutement de Massadio Haïdara, le latéral gauche de l’AS Nancy Lorraine âgé de 20 ans, a été officialisé. "L’international espoir s’envolera ce matin pour le nord de l’Angleterre où il rejoindra une importante colonie tricolore : Mathieu Debuchy, Yohan Cabaye, Hatem Ben Arfa, Romain Amalfitano, Sylvain Marveaux, Gabriel Obertan et Mehdi Abeid", a annoncé mardi l’ASNL sur son site officiel.
Cette annonce a été suivie quelques heures plus tard par la signature du défenseur de Montpellier Mapou Yanga-Mbiwa. Interrogé sur ce départ, Louis Nicollin, le président des champions de France en titre a d’ailleurs regretté le choix de son joueur. "Si c’est un âne, ce n’est pas de ma faute, mais je pense que son manager y est pour beaucoup. Newcastle, ce n’est vraiment pas un bon choix. Il se fera re-transférer l’année prochaine. Moi, ça ne me dérange pas. Ça en libérera certains", a-t-il expliqué au journal l’Équipe.
Pas un bon choix ? Newcastle pointe effectivement à la 16e place de la Premier League, avec seulement deux points d’avance sur le premier relégable, Reading. Inquiets des mauvais résultats de leur équipe, les supporters des blancs et noirs s’interrogent sur les bienfaits de cette invasion tricolore. Avec les deux nouveaux arrivants, Newcastle va désormais compter 9 joueurs français dans ses rangs, contre six pour Arsenal, l’ancienne "french team" de Premier League.
"Est-ce que "la french connection" de Newcastle va nous aider à dire au revoir à la relégation ?”, titre ainsi The Mag, l’hebdomadaire des partisans du club.
Des raisons sportives ou financières ?
Sur le site sportif ESPN, le journaliste Christopher Atkins répond positivement à cette question en affirmant que "La Ligue 1 est le terreau parfait pour le championnat anglais. Même s’il n’est pas aussi rapide que celui en Angleterre, il est très physique et possède un niveau technique élevé en raison des excellents centres de formation que possèdent le pays".
Interrogé par So Foot, l’entraîneur de Newcastle Alan Pardew avait aussi loué les qualités des clubs tricolores : "La Ligue 1 fait jouer des joueurs plus jeunes qu’en Premier League. La jeunesse est donc un gros facteur. Je trouve aussi que techniquement, le football français apporte beaucoup".
Pour The Guardian, les raisons de cet engouement pour les joueurs français sont en revanche beaucoup moins sportives. La journaliste Louise Taylor estime que ce sont des "impératifs financiers" qui dictent les choix de Mike Ashley, le propriétaire de Newcastle. "Pardew aime James Tomkins, le jeune défenseur central de West Ham, mais il coûterait 10 millions de livres (12 millions d’euros), alors qu’en France un joueur équivalent peut se recruter pour le tiers de ce prix et pour un salaire plus bas".
Un recruteur francophile
La présence d’un si grand nombre de footballeurs français s’explique également par le rôle joué par le directeur de la cellule de recrutement, Graham Carr. Depuis son arrivée en 2010, cet ancien joueur et entraîneur professionnel n’a cessé de cibler l’Hexagone. C’est lui qui a fait venir Hatem Ben Harfa, devenu la star de l’équipe de Newcastle.
"Graham Carr passe énormément de temps en France, il a beaucoup de contacts avec les agents, des anciens footballeurs ou entraîneurs. Nous avons de très bons contacts et ça nous a plutôt réussi pour le moment. Pourvu que ça dure", avait ainsi expliqué Alan Pardew au sujet de son recruteur.
Mais cette invasion n’est pas du goût de tout le monde. Dans les rangs des supporters, ils sont de plus en plus nombreux à critiquer l’omniprésence des Français dans l’effectif. "Les abonnés de St James' Park commencent à s’inquiéter des possibles divisions dans les vestiaires et de l’absence d’un certain esprit britannique", note ainsi le Guardian.
Les fans des "Magpies" vont pourtant devoir se faire une raison. D’autres rumeurs laissent entendre que le Toulousain Moussa Sissoko et le Bordelais Yoan Gouffran sont sur le point de porter le maillot de Newcastle.