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Le skipper François Gabart (Macif) pointe toujours en tête du Vendée Globe devant Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) et Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3). Selon les organisateurs, il pourrait arriver dimanche aux Sables d'Olonne.

Toujours en tête du Vendée Globe après 72 jours de mer, François Gabart n'a jamais été aussi proche de remporter dans le temps record de moins de 80 jours ce tour du monde en solitaire, auquel il participe pour la première fois.

L'arrivée du navigateur de 29 ans aux Sables d'Olonne est désormais estimée par les organisateurs pour dimanche 27 janvier à 06h00 GMT.

S'il avait prévu de la nourriture pour 87 jours, avec sept jours de plus, le skipper de "Macif" lâche désormais du lest "en picorant dans les sacs", tout près qu'il est de battre, et largement, le précédent record de Michel Desjoyeaux en 84 jours.

"Même s'il fait froid en France, je me presse de rentrer", glissait-il dimanche. Lundi, il voguait à moins de dix noeuds, grappillant des milles à l'approche de l'anticyclone des Açores, dernier obstacle avant l'envolée finale.

Après avoir passé en tête le cap Leeuwin, puis le Cap Horn avec un record de 52 jours à la clé, le Charentais a franchi, il y a une semaine, l'Equateur en 66 jours, écrasant la marque de Michel Desjoyeaux de cinq jours et demi.

Toujours talonné par Armel Le Cléac'h sur "Banque Populaire", qui était à 134,6 milles lundi à 08h00 GMT, François Gabart s'apprêtait tout de même à combattre jusqu'au dernier souffle.

"Après les Açores, dans le golfe de Gascogne, je suis prêt à faire un peu de match-racing. Mais bien sûr, si je peux avoir un petit peu d'avance sur Armel (Le Cléac'h), cela ne me déplairait pas", avouait-il.

Successeur de Gautier

Face au Pot-au-noir, juge de paix aux passages à niveau redoutables, il n'a pas jeté l'éponge, grattant chaque mille.

"Entre l'aller et le retour, sur cet endroit, moins difficile à passer en janvier qu'en novembre, je ne dois pas être loin du record de difficultés rencontrées. Du coup, j'ai eu droit aux traditionnels grains, avec le vent qui forcit de cinq à 40 noeuds en cinq minutes", décrivait-il.

Même s'il estime "avoir beaucoup perdu sur cette période", le skipper de Macif n'a pas gâché son temps.

"J'ai su profiter de ces vents faibles pour faire un check-up complet du bateau. Et je me suis reposé. Ainsi, je suis frais. A bord, tout le monde est en forme."

Benjamin des solitaires encore en course, cet ingénieur en génie mécanique est aussi un bizuth sur cet Everest des mers que les plus aventureux attaquent tous les quatre ans.

Mais "Le Jeune", comme l'ont baptisé les membres de son équipe à terre, pilotée par la société de Michel Desjoyeaux, serait, en cas de victoire, le marin le plus précoce à s'imposer dans le Vendée Globe.

François Gabart succéderait à son idole, Alain Gautier, vainqueur en 1992-1993 en 110 jours, à l'âge de 30 ans.

"Pour gagner une telle course, il faut faire le moins d'erreurs possibles. A mon avis, François en a commis très peu ou elles ne l'ont pas pénalisé", a dit celui que Gabart appelle "Monsieur Gautier".

"Jamais il n'a semblé en perte de vitesse. Complet, il donne une impression de facilité et de bonne forme permanente additionnée à une impression de bonheur d'être sur l'eau qui, effectivement, sont à saluer."

"Marathon à coups de mou"

Quant à François Gabart, il fait toujours preuve d'un recul saisissant dans son avancée vers un exploit retentissant.

"Je suis fier de mon parcours, personne ne pourra me le retirer. Quoi qu'il arrive, ça restera un joli Vendée Globe pour moi", disait-il.

"Pour l'instant, l'écart avec Armel (Le Cléac'h) n'est pas suffisant pour se dire que c'est déjà gagné", tempérait le jeune loup de mer au pied de la dorsale de l'anticyclone des Açores.

Non loin de lui, comme toujours au fil de cette boucle autour du monde, Armel Le Cléac'h voulait aussi y croire "jusqu'au bout de ce marathon à coups de mou", long de 24.000 milles et vécu comme "un train-train au rythme soutenu".

"Tant que la ligne d'arrivée n'est pas franchie, tout peut arriver. En 2003, j'ai gagné une Solitaire du Figaro avec treize secondes d'avance", rappelait le skipper de "Banque Populaire", alors vainqueur devant Alain Gautier.

"Mes chances de gagner sont encore présentes. Et on va se donner jusqu'au bout. Il y a encore des possibilités", s'appliquait à croire ce Breton de 35 ans, déjà second en 2009.

Lundi matin, "Banque Populaire" avançait à onze noeuds, deux petits noeuds de plus que Macif.

REUTERS