En jugeant le plan de sortie de crise proposé par Bachar al-Assad "partial et sectaire", l'émissaire international Lakhdar Brahimi a suscité l'ire de Damas. Vendredi, le diplomate algérien doit participer à des négociations avec Moscou et Washington.
Damas ne cache pas son mécontentement. Dans son viseur, l’émissaire international de l’ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, dont elle évoque la partialité flagrante. "Les déclarations de Lakhdar Brahimi montrent sa partialité flagrante en faveur des cercles conspirant contre la Syrie et le peuple syrien", a affirmé un responsable du ministère des Affaires étrangères cité par la télévision officielle.
Les médias ne sont pas en reste et tirent à boulets rouges sur Brahimi. "Il s'est débarrassé du masque d'impartialité qu'il portait depuis qu'il a été nommé pour remplacer Kofi Annan et a révélé son vrai visage, (...) pour répondre aux demandes de ses maîtres", a écrit le quotidien Al-Watan. Selon le journal, les propos de Brahimi ne font que révéler sa vraie nature, le qualifiant d'"instrument visant à appliquer la politique de certains pays occidentaux".
À l’origine de l’ire de la Syrie, les réactions de Brahimi au discours que le président syrien a prononcé dimanche, proposant un plan de sortie de crise. Dans un entretien mercredi avec la BBC, ce dernier avait estimé que le plan de sortie de crise présenté par le chef de l'Etat syrien était "encore plus sectaire et partial" que les précédents. Les propositions d’Assad avaient été aussitôt rejetées par l’opposition et l’Occident. Seul Téhéran avait réservé un accueil favorable au discours. Quant à Moscou, l'autre grand allié de Damas proposait d’en retenir certains points.
Damas n’a toutefois pas coupé les ponts avec le médiateur international. "La Syrie espère toujours le succès de sa mission et continuera à coopérer avec lui dans le cadre de sa vision de la solution politique de la crise syrienne", a ainsi précisé le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Nommé en septembre 2012 en remplacement de Kofi Annan, qui avait jeté l'éponge, M. Brahimi avait joui d'un préjugé favorable à Damas pour n'avoir jamais demandé explicitement le départ de M. Assad. Désormais, il est accusé d'avoir basculé dans le camp des pays occidentaux, de la Turquie et des pays du Golfe qui veulent le départ du chef de l'Etat.
Négociations américano-russe en présence de Brahimi vendredi
Ces critiques virulentes surviennent à la veille de la rencontre prévue à Genève entre l’émissaire international et les représentants russe et américain pour tenter de trouver des moyens de mettre fin au conflit.
Les "trois B", Lakhdar Brahimi, Mikhaïl Bogdanov, et William Burns doivent discuter de l’application de la déclaration de Genève qui prévoit la constitution d'un gouvernement de transition sans dire si Bachar al-Assad doit quitter le pouvoir.
Reste que les pourparlers risquent d’être ardus, en raison notamment de la position de la Russie qui n’a de cesse d’affirmer que l'issue de la crise passe par un dialogue entre le pouvoir et l'opposition, sans conditions préalables, contrairement aux rebelles et aux Occidentaux qui réclament le départ du président Bachar al-Assad. "Seuls les Syriens peuvent décider du modèle de développement à long terme de leur pays", a déclaré jeudi le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch.
A l’inverse de Lakhdar Brahimi et des Etats-Unis également, la Russie a suggéré de "tenir compte de certaines idées avancées dans le discours du président Bachar al-Assad le 6 janvier".
Le bras de fer entre le régime de Bachar al-Assad et la rébellion dure depuis plus de 21 mois et a déjà fait selon l’ONU plus de 60À000 morts, et des centaines de milliers de réfugiés et déplacés.
France 24 avec dépêches