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Oscars : "Lincoln" truste les nominations, Emmanuelle Riva ambassadrice du cinéma français

Le film de Steven Spielberg sera représenté 12 fois lors de la 85e cérémonie des Oscars, le 24 février. Bouleversante octogénaire dans "Amour", Palme d'or à Cannes en 2012, la Française Emmanuelle Riva concourra chez les meilleures actrices.

Les Oscars ne circonscriront pas l’incendie qui enflamme depuis plusieurs jours le cinéma français. Près de deux semaines après la virulente tribune du producteur Vincent Maraval selon laquelle 2012 avait été "un désastre" pour le septième art hexagonal, d’aucuns caressaient l’espoir de voir, jeudi 10 janvier, plusieurs productions françaises figurer dans les nominations de la 85e cérémonie des Oscars.

Las, Emmanuelle Riva sera la seule représentante française dans une prestigieuse catégorie, le 24 février prochain, à Los Angeles, où elle concourra au titre de "meilleure actrice" pour sa bouleversante prestation dans "Amour", de l’Autrichien Michael Haneke. Exit donc Marion Cotillard, dont l’engageante performance de dresseuse d’orques privée de l’usage de ses jambes dans "De rouille et d’os" lui avait valu, un temps, d’être pressentie dans la même catégorie.

Autre déception côté gaulois : l’absence d’"Intouchables" dans la catégorie du meilleur film étranger. Succès public érigé en phénomène de société en France, ce "feel-good movie" décrivant les liens d’amitié entre un jeune de banlieue (Omar Sy, César 2011 du meilleur acteur) et un riche aristocrate en fauteuil roulant (François Cluzet) a reçu, lors de sa sortie en mai dernier outre-Atlantique, un accueil critique très mitigé. "Embarrassant" pour le New York Times, "gênant" aux yeux du New Yorker, ce film censé prôner des valeurs de tolérance avait même été taxé de "raciste" par le magazine américain Variety. Pas de quoi enthousiasmer l’Académie des Oscars...

Les Français les plus chauvins pourront toujours se féliciter de la nomination de "Amour" parmi les meilleurs films de 2012. Co-production hexagonale tournée en langue française, la Palme d’or 2012 réussit le rare exploit d’intégrer une catégorie d’ordinaire réservée aux seules œuvres américaines. Bouleversant film sur la fin de vie qui a ému le monde entier, le dernier né de Michael Haneke disputera la prestigieuse statuette à des mastodontes historico-cinématographiques.

Et les meilleurs films sont…

Au premier rang des favoris, "Lincoln" de Steven Spielberg, grand habitué des Oscars, engrange 12 nominations à lui seul (dont meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleurs acteurs et actrices dans un second rôle, etc.). Moins qu’une biopic, la dernière production du réalisateur de "La Liste de Schindler" relate les derniers mois de pouvoir que le 16e président des États-Unis consacra à l’abolition de l’esclavage. Dans le rôle-titre, Daniel Day-Lewis, autre "abonné" de la grand-messe hollywoodienne, pourrait rafler une troisième statuette pour sa mimétique prestation. Une victoire le soir du 24 février le propulserait au Panthéon du septième art, aux côtés de Jack Nicholson, seul comédien à ce jour détenteur de trois Oscars (deux pour "meilleur acteur", un pour "meilleur second rôle").

L’esclavagisme, c’est également le thème abordé par "Django Unchained", lui aussi en lice dans la catégorie "meilleur film". Le tant attendu western-fleuve de Quentin Tarantino n’a rien d’une balade tranquille. Peu avare en hémoglobine ni en insultes racistes (le film détiendrait le record d’occurrences du mot "nègre"), cette histoire d’un esclave affranchi (Jamie Foxx) bien décidé à venger son épouse de son oppresseur blanc (Leonardo diCaprio) semble bien peu consensuel pour espérer décrocher un sage Oscar.

Encore plus controversé, "Zero Dark Thirty" de Kathryn Bigelow se penche sur la longue traque de l’ancien ennemi numéro un des États-Unis, Oussama Ben Laden. Malgré le brio de la mise en scène, cette haletante chasse à l’homme pourrait voir l’Oscar lui échapper en raison des accusation d’apologie de la torture dont il fait l’objet. À défaut d’être primé, "Zero Dark Thirty" pourrait valoir à Jessica Chastain une statuette pour son rôle d’agent de la CIA obsessionnelle.

Plus consensuel, ''Argo'' de Ben Affleck, qui revient sur la prise d’otages américains, en 1979, à Téhéran, pourrait tirer son épingle du jeu. À moins que l’Académie ne réserve ses faveurs à la pépite du cinéma indépendant ''Les Bêtes du Sud sauvage'' de Benh Zeitlin, à la fantaisie romantique ''Happiness Therapy'' de David O. Russell, à la comédie musicale ''Les Misérables'' de Tom Hooper, ou au huis-clos nautique ''L’Odyssée de Pi'' d’Ang Lee.

Et les meilleurs acteurs et actrices sont…

Chez les acteurs, l’Oscar se départagera donc entre le mutli-récompensé Daniel Day-Lewis Bradley Cooper ("Happiness Therapy"), Hugh Jackman ("Les Misérables"), Joaquin Phoenix ("The Master") et Denzel Washington ("Flight"). Côté femme, la doyenne Emmanuelle Riva, 85 ans, sera opposée à la benjamine Quvenzhané Wallis ("Les Bêtes du sud sauvage"), 9 ans, ainsi qu’à Jessica Chastain, Jennifer Lawrence ("Happiness Therapy") et Naomi Watts ("The Impossible").

Pour le titre de meilleur réalisateur, Steven Spielberg sera aux prises avec Benh Zeitlin, Ang Lee, Michael Haneke et David O. Russell. Enfin, dans la catégorie du meilleur film de langue étrangère, l'Académie a choisi "Amour", "Kon-Tiki" (Norvège), "No" (Chili), "Royal Affair" (Danemark) et "Rebelle" (Canada).