
Le fournisseur français d'accès à Internet Free a soulevé un tollé auprès de ses abonnés en décidant d'instaurer un système de blocage par défaut des publicités sur le Web.
Elle a beau n'être que "peu fan des pub intrusives", Fleur Pellerin trouve que la solution proposée par Free va peut-être un peu loin. La ministre française déléguée à l'Économie numérique a décidé de convoquer le fournisseur français à Internet (FAI) et les éditeurs, probablement en début de semaine prochaine, pour discuter de ce qui est devenu sur Twitter le #FreeAdGate.
Peu fan de la pub intrusive, mais favorable à une solution du type no opt out par défaut. A discuter avec les éditeurs et Free #FreeAdGate
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) Janvier 3, 2013Lors d'une mise à jour, jeudi, de sa Freebox Revolution, le FAI a décidé d'intégrer un système qui bloque l'affichage des publicités sur la Toile. En clair : Free propose à ses quelques cinq millions d'abonnés un surf sur le Web libre de toute présence publicitaire. Une nouvelle fonctionnalité actuellement en version "bêta" (c'est-à-dire de test), si bien que certaines publicités échappent encore à ce cyber-flicage.
L'internaute n'a rien à faire pour en bénéficier si ce n'est de rédémarrer sa Freebox. Cette nouvelle fonction est, en effet, activée par défaut. L'utilisateur de Free qui préfèrerait retourner à un cyber-espace remplit de pubs diverses et variées doit, de son propre chef, aller la désactiver.
Si la promesse d'un Web épuré de toute réclame peut paraître alléchante aux internautes, il s'agit en revanche d'un coup dur pour tous les sites qui ne vivent que grâce aux revenus publicitaires. La réaction de la Toile n'a d'ailleurs pas tardé et Free s'est pris un sérieux retour de flamme.
"Dangereux" et "anti-démocratique" ?
Même le site Freenews, principal site d'informations sur l'actualité de Free, se montre très sévère à l'égard de cette décision. "Le choix de Free est dangereux et irresponsable", assure-t-il. "Nous pensons que le choix de bloquer les publicités pour chaque site, au cas par cas, doit reposer sur l’utilisateur et non sur un blocage généralisé par le fournisseur", poursuit Freenews avant d'expliquer comment désactiver cette fonction.
Pour Numérama, il s'agit ni plus ni moins, d'un "problème démocratique". "Free montre le pouvoir extraordinaire des fournisseurs d'accès à Internet sur l'information, qui peuvent décider d'altérer le contenu d'un site internet", note Guillaume Champeau, le fondateur du site français sur les tendances numériques. Il estime que la décision du FAI revient à rompre la neutralité du Net - l'un de ses grands principes - selon lequel tous les internautes doivent pouvoir accéder au même réseau dans sa totalité.
De son côté, Free n'a pas réagi à cette levée de boucliers. Le groupe n'a pas, non plus, expliqué les raisons qui l'ont poussé à installer ce blocage par défaut des publicités pour ses utilisateurs. Pour certains, cette "arme de destruction massive pour les régies publicitaires", comme la qualifie le journal Les Échos, vise en premier lieu Google. Le géant américain de l'Internet tire, en effet, plus de 90 % de ses revenus de la publicité en ligne. Free demande à Google de lui verser une sorte de redevance pour pouvoir faire parvenir ses contenus aux abonnés du FAI français. La multinationale du Net refusant de payer, ce filtrage des publicité pourrait, toujours selon le quotidien économique, être un moyen de pression pour faire plier Google.