
Popularité en déclin, fausses notes gouvernementales, le président doit prononcer, lundi 31 décembre, les premiers vœux de son quinquennat dans un contexte peu favorable. Principal enjeu : prouver que les Français peuvent lui faire confiance.
Classique sur la forme, efficace sur le fond. Pour ses premiers vœux, lundi 31 décembre à 20 heures, en tant que président de la République, François Hollande veut regagner la confiance des Français. Afin de se préparer à cet exercice traditionnel, le chef de l’État a observé les vœux de ses prédécesseurs, notamment ceux de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy dont le ton grave et les mots choisis ne laissaient présager que de durs moments à venir pour les Français.
"La structure de ce genre de discours est toujours la même. Un bilan de la conjoncture actuelle, de l’action du gouvernement, puis un point sur les grands chantiers à venir sur fond de ‘je suis là pour m’occuper de vous’", explique à FRANCE 24 Thomas Guénolé, maître de conférence à Sciences-Po. "Dans l’histoire récente, les voeux des différents présidents n’ont jamais eu de conséquence politique notoire. Il ne s’agit que d’un exercice convenu qui fait partie de nos rituels républicains", précise le politologue, selon qui le registre de François Hollande devrait être sensiblement le même que celui emprunté par ses prédécesseurs.
"Souriant dans l’adversité"
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Outre-Rhin, Angela Merkel, dont la teneur des vœux a déjà été révélée avant leur diffusion en début de soirée, appelle à la "patience", affirmant que l'environnement économique en 2013 "sera plus difficile" qu’en 2012. Selon la chancelière allemande qui brigue un troisième mandat lors des législatives de septembre prochain, "la crise est encore loin d'être surmontée. Cela ne doit pas nous décourager, mais au contraire nous stimuler", encourage-t-elle. François Hollande, pour sa part, devrait opter pour un discours plus positif. "La crise est derrière nous", a-t-il répété ces dernières semaines, comme pour préparer le terrain. Autre signe de son optimisme affiché, le président a promis en septembre que les Français verraient la courbe du chômage s’inverser dès la fin 2013.
"Une des caractéristiques principales de François Hollande est de rester souriant dans l’adversité. C’est un état d’esprit", analyse Thomas Guénolé. "Même quand sur le papier il tient un discours de fermeté, lorsqu’il l’exprime, c’est de la rondeur qui en ressort", poursuit-il, estimant que "le style Hollande" devrait très bien se prêter à l’exercice des premiers voeux. Le politologue émet toutefois des réserves quant aux prochaines sorties du président. "Je suis très sceptique quant à l’amélioration de la situation socio-économique de la France. Nous sommes passés d’un président qui était craint par une partie de la population, à un président dont on doute des aptitudes. Je ne suis pas sûr qu’il sache adapter ses prochains discours à la gravité de la situation."
Couacs en série
S’il se veut porteur d’espoir, le chef de l’État est cependant confronté à un désaveu de l’action de son gouvernement et à une cote de popularité en berne. Selon un sondage BVA pour i>Télé publié le 28 décembre, les Français estiment que la politique que menait Nicolas Sarkozy était plus efficace que celle de son successeur à l'Élysée (40% contre 22%). Une sanction qui tombe à l’heure où les derniers chiffres du chômage indiquent, pour le 19ème mois consécutif, une nouvelle augmentation des demandeurs d’emploi (plus 34 100 personnes pour les catégories A, B et C en novembre). Le record absolu de janvier 1997 à 3,205 millions de chômeurs guette et pourrait être franchi dès les premiers mois de l’année.
Et comme un coup fatal asséné à la politique du nouveau locataire de l’Élysée, le Conseil constitutionnel a retoqué, samedi 29 décembre, le projet de taxe à 75% pour les très gros revenus, une des promesses phares de la campagne du socialiste. La sentence est particulièrement mal venue après la série de couacs gouvernementaux intervenus ces derniers mois : censure du projet de loi sur le logement de Cécile Duflot par le Conseil constitutionnel, rejet en bloc du budget de la Sécu, du budget 2013 et de la loi de finances rectificative… les déconvenues se sont accumulées laissant le champ libre à de vivres critiques taxant principalement ce gouvernement d’amateur.
Réaffirmer un cap
À la recherche d’un nouvel élan, voire d’un nouveau départ, François Hollande veut désormais se repositionner en chef de l’État au service des Français en leur proposant une ligne politique claire et affirmée. Très occupé par son bras de fer européen avec Angela Merkel ainsi que par les questions internationales telles que la Syrie, le Mali ou plus récemment la Centrafrique, le président va, pour cette nouvelle année qu’il a placée sous le signe de la bataille pour l’emploi, se recentrer sur la politique intérieure. Sa visite matinale à Rungis, le 27 décembre, a donné le ton, tandis qu’il se rendra après la diffusion de ses vœux, à 20 heures, dans le service d’urgences d’un hôpital francilien.
Contrats de génération et emplois d’avenir, pacte de productivité, refonte des taux de TVA, mariage pour tous et assistance médicale à la procréation… les enjeux de janvier sont nombreux et très attendus par les Français. Mais François Hollande et sa majorité auront également la lourde de tache de reconquérir, dès 2013, le cœur des électeurs afin de préparer au mieux le marathon électoral de 2014 et 2015 qui verra la tenue des élections municipales, européennes, sénatoriales, départementales et régionales.
Les voeux du candidat François Hollande le 31 décembre 2011
François Hollande : "2012, l'année du changement" par francoishollande