
L'aide alimentaire européenne, qui permet de distribuer des repas à 4 millions de démunis en France, est menacé de disparition à la fin de 2013. À la veille de Noël, le Secours populaire tire la sonnette d'alarme.
L'ambiance est joviale, mais les assiettes et les gobelets sont vides… C'est un repas de Noël sans nourriture. À travers cette mise en scène réalisée mercredi 19 décembre près de l'Assemblée nationale, bénévoles et bénéficiaires du Secours populaire ont mimé ce qui pourrait arriver aux plus démunis en France si l’aide alimentaire européenne n’était pas maintenue.
"L’an passé, l’association a distribué 181 millions de repas, dont la moitié provenait de l'aide européenne, a rappelé le président du Secours populaire, Julien Lauprêtre. Les comptes sont faciles à faire : si nous n'avons plus l'aide européenne, la moitié des repas ne pourra pas être distribuée."
Le Programme d’aide européen aux plus démunis (PEAD), créé en 1987 par le président de la Commission européenne de l'époque, Jacques Delors, permet de distribuer des repas à 18 millions de personnes dans 19 des 27 pays de l'Union, dont 4 millions en France. L'Hexagone reçoit chaque année 70,6 millions d'euros, redistribués ensuite aux associations, comme la Croix-Rouge, les Restos du cœur ou encore le Secours populaire et la Fédération française des banques alimentaires.
"Les besoins n’ont cessé d’augmenter"
À l’origine, ce fonds était financé par les excédents de la Politique agricole commune (PAC). Mais, au fil des années, les excédents ont fondu, et l'UE a alors commencé à financer ce programme d'aide sur le budget de la PAC.
Mais, en 2011, la Cour européenne de justice, saisie par l’Allemagne, a jugé que cet effort devait relever des politiques sociales et non des politiques agricoles. Le PEAD a alors bénéficié d’un sursis : il a été prolongé jusqu'à la fin de l'année 2012 en attendant de trouver une solution.
Le Secours populaire s’alarme de la disparition du fonds, d’autant plus que les besoins n’ont cessé d'augmenter avec la crise. Cette année, l’association a aidé 2,5 millions de personnes, soit 500 000 de plus qu'en 2011. "Je suis une mère au foyer, j'ai quatre enfants, je ne travaille pas et mon mari est intérimaire, affirme cette mère de famille. Franchement, c'est un coup de pouce de venir ici."
Malgré les nombreux appels du monde associatif, les chefs d’État et de gouvernement européens ne sont pas parvenus à s’accorder sur le cadre budgétaire 2014-2020. La Commission européenne propose aux pays une enveloppe de 2,5 milliards d'euros sur 7 ans, soit 360 millions d'euros par an, contre 500 millions aujourd'hui. Mais sept pays s'y opposent - l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni et la République tchèque - et pourraient former une minorité de blocage au Conseil européen. Berlin et Londres ont déjà mis en place un système national de distribution.
Pour alerter l'opinion publique sur la réduction de l'aide alimentaire européenne, des associations, dont le Secours populaire, ont lancé une campagne de sensibilisation : The Air Food Project. Elles appellent les citoyens à se filmer en train de faire semblant de manger et de poster le contenu sur theairfoodproject.com.