Après avoir suscité la polémique via ses propos sur le préservatif, le pape Benoît XVI, en visite en Angola, s'en prend à l'avortement, y compris thérapeutique. Selon lui, l'IVG "menace les fondements même de l'édifice social".
AFP - A son arrivée en Angola, après une visite au Cameroun ternie par une polémique sur le préservatif, le pape Benoît XVI a appelé vendredi les autorités à faire davantage pour lutter contre la pauvreté et la corruption, tout en réaffirmant son rejet de l'avortement thérapeutique.
Il a regretté qu'en Angola, pays riche en pétrole où les deux tiers de la population vivent avec moins de deux dollars par jour, "il y ait malheureusement encore tant de pauvres qui demandent le respect de leurs droits".
"Il n'est pas possible d'oublier la multitude d'Angolais qui vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue. Ne décevez pas leurs attentes", a-t-il lancé au président angolais José Eduardo dos Santos.
Combattre la pauvreté est "une immense entreprise qui requiert le plus grand civisme possible de la part de tous", a ajouté le pape, qui a ensuite poursuivi sur ce thème lors d'un discours à la présidence.
Appelant l'Afrique à se libérer "du fléau de l'avidité, de la violence et du désordre", il a exigé une "ferme détermination" pour éradiquer une fois pour toutes la corruption".
Pour sa première visite sur ce continent, Benoît XVI a créé une polémique mardi dans l'avion qui l'emmenait au Cameroun en déclarant que le préservatif aggravait le problème du sida.
L'Osservatore Romano, journal du Vatican, a accusé vendredi les médias d'avoir "polémiqué jusqu'à insulter" Benoît XVI.
En rencontrant des malades du sida mercredi puis en évoquant le lendemain cette pandémie, le pape a tenté de désamorcer la controverse. Vendredi, il a toutefois abordé un nouveau sujet polémique, en s'opposant à la promotion de l'avortement thérapeutique.
"Combien est amère l'ironie de ceux qui promeuvent l'avortement au rang des soins de la santé des +mamans+ ! Combien est déconcertante la thèse de ceux qui prétendent que la suppression de la vie serait une question de santé reproductive", a-t-il lancé, faisant référence au Protocole de Maputo.
Ce document adopté par l'Union africaine en 2003 est relatif aux droits des femmes en Afrique et complète la Charte africaine. Son article 14 appelle les gouvernements à autoriser "l'avortement médicalisé, en cas d'agression sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du foetus".
L'Eglise catholique s'est toujours prononcée contre l'avortement, mais c'est la première fois que Benoît XVI s'oppose aussi spécifiquement à l'avortement thérapeutique.
Tout récemment, l'excommunication controversée d'une mère brésilienne ayant fait avorter sa fille de 9 ans violée par son beau-père a divisé l'Eglise.
Benoît XVI a également prôné "le respect (...) des droits de l'Homme, un gouvernement transparent, une magistrature indépendante" et des médias libres.
Selon l'ONG Transparency International, l'Angola, qui rivalise avec le Nigeria pour la place de premier producteur africain de brut, fait partie des pays perçus comme les plus corrompus au monde, en 158e position sur 180.
Sur une note plus positive, le pape a souligné qu'après 27 années de guerre civile (1975-2002) "la paix (avait) commencé à prendre racine" en Angola, "portant avec elle les fruits de la stabilité et de la liberté".
Dans la foule venue le saluer à l'aéroport, sous forte présence policière, Soeur Isabel Benjamin a espéré que la venue du pape "apporte une paix durable" à son pays.
La dernière visite papale en Angola, qui compte 55% de catholiques, remonte à 1992, quand Jean-Paul II avait profité d'une trêve dans la guerre pour visiter cette ex-colonie portugaise.