Des dizaines d'opposants ont été interpellés à Moscou lors d'un rassemblement anti-Poutine, un an après la vague de contestation de décembre 2011. Parmi eux, l'activiste Alexeï Navalny (photo) et le leader du Front de gauche Sergueï Oudaltsov.
Des dizaines d'opposants russes, parmi lesquels les leaders Alexeï Navalny et Sergueï Oudaltsov, ont été interpellés samedi lors de plusieurs rassemblements en Russie marquant le premier anniversaire du mouvement de contestation contre Vladimir Poutine.
A Moscou, environ 700 personnes, selon la police, près d'un millier selon une journaliste de l'AFP sur place, ont afflué autour de la place Loubianka où se trouve le siège des services de sécurité (FSB, ex-KGB), en présence d'un très important dispositif policier et malgré une température de -15 degrés.
La place était bouclée par de nombreux fourgons de police. Les autorités avaient interdit toute manifestation sur la place, mais un rassemblement à proximité était autorisé.
Des manifestations ont été organisées dans d'autres villes de Russie, notamment à Saint-Pétersbourg (nord-ouest) et Perm (Oural).
Le nombre de participants était en nette baisse par rapport au début de la contestation en décembre 2011, le mouvement semblant s'essouffler en raison du caractère hétérogène de l'opposition et de la répression visant les opposants au régime.
A Moscou, plusieurs leaders de l'opposition ont été interpellés par la police, tandis qu'un hélicoptère survolait la zone.
"C'est une tradition, un tweet qui n'a rien d'original, depuis le fourgon de police", a écrit l'avocat et blogueur anti-corruption Alexeï Navalny sur son compte twitter, en référence à d'autres manifestations lors desquelles il avait été également appréhendé.
"On m'a extirpé de la foule, c'est complètement absurde", a-t-il protesté.
Le leader du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, a été appréhendé après avoir déposé des fleurs devant le monument des Solovki -- à la mémoire des victimes des répressions staliniennes -- près de la place Lioubanka.
"J'ai déposé des fleurs devant la pierre des Solovki, j'ai expliqué pourquoi je suis venu ici, je n'ai lancé aucun appel, mais on m'a arrêté sans aucune raison", a déclaré M. Oudaltsov, cité par l'agence Ria Novosti.
Outre MM. Navalny et Oudaltsov, le dirigeant du mouvement d'opposition libérale Solidarnost Ilia Iachine, et la présentatrice vedette de la télévision russe Ksenia Sobtchak ont été appréhendés.
"On dirait que je suis une dangereuse criminelle", a écrit Mme Sobtchak sur son compte twitter.
Alors que les autres participants restaient rassemblés autour de la place, la police a interpellé plus d'une trentaine de personnes au total, selon des médias russes, tandis que des manifestants criaient "honte!".
L'opposition envisageait initialement d'organiser une manifestation dans le centre de Moscou, mais la municipalité a refusé les itinéraires proposés par les opposants.
A Saint-Pétersbourg, où une manifestation de l'opposition était autorisée, une vingtaine de personnes ont été interpellées, selon la police, une trentaine selon l'opposition.
Une "marche de liberté" à Perm, dans l'Oural, a réuni 130 personnes et s'est déroulée sans incident, selon l'agence Interfax.
Quelques dizaines de personnes ont également participé à une manifestation anti-Poutine à Samara (1.100 km à l'est de Moscou), selon Interfax.
Ces rassemblements marquent le premier anniversaire du début du mouvement de contestation sans précédent contre le président Vladimir Poutine, arrivé au sommet du pouvoir en 2000.
"Rien n'a changé depuis un an, nos exigences n'ont pas été satisfaites et il y a de nouveau des prisonniers politiques", a déclaré à l'AFP l'un des manifestants à Moscou, Ilia, 48 ans, ingénieur.
A la veille du rassemblement à Moscou, les autorités ont annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête contre Alexeï Navalny, accusé d'avoir commis avec son frère Oleg une escroquerie se montant à plus de 55 millions de roubles (1,3 million d'euros).
Alexeï Navalny avait déjà été inculpé fin juillet pour "détournements à grande échelle" dans le cadre d'une autre affaire, pour laquelle il risque jusqu'à 10 ans de camp. L'opposant a dénoncé des accusations relevant selon lui de la "fable" et un acharnement des autorités contre lui.
Il y a un an, une vague de contestation d'une ampleur jamais vue depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s'était développée après les législatives de décembre 2011 remportées par le parti Russie unie de Vladimir Poutine et entachées de fraudes, selon l'opposition.
La plus importante manifestation avait rassemblé quelque 120.000 personnes dans les rues de Moscou contre l'homme fort du pays.
AFP