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L'UA suspend le pays, Rajoelina réfute la thèse du coup d'État

Jugeant le nouveau pouvoir "anticonstitutionnel", l'Union africaine suspend Madagascar. De leur côté, les autorités malgaches nient avoir commis un coup d'État. Le Premier ministre parle d"'expression directe de la démocratie".

Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a décidé vendredi à Addis Abeba de suspendre Madagascar, jugeant "anticonstitutionnel" le processus qui a porté Andry Rajoelina au pouvoir.

Après deux heures de réunion à huis clos, le président du CPS, l'ambassadeur burkinabè Bruno Nongoma Zidouemba, a déclaré aux journalistes: "le CPS a décidé, en accord avec les textes de l'UA, de suspendre Madagascar de participation aux institutions et organes de l'Union".

"Le Conseil est d'avis que ce qui s'est passé à Madagascar est un changement anticonstitutionnel de gouvernement", a ajouté le diplomate.

L'Union européenne avait jeudi soir qualifié de "coup d'Etat" le changement de régime à Madagascar, tandis que Washington a jugé le transfert du pouvoir "non démocratique".

Le nouveau président de transition de Madagascar, Andry Rajoelina, a annoncé jeudi la suspension des "activités de l'Assemblée nationale et du Sénat", 48 heures après la démission forcée du président Marc Ravalomanana.


Le nouveau pouvoir malgache se défend d'avoir commis un coup d'État

Le nouveau pouvoir malgache a nié vendredi avoir commis un "coup d'Etat" contre l'ex-président Marc Ravalomanana, contraint à la démission mardi, comme l'en accuse une partie de la communauté internationale, dont l'Union européenne (UE).


"Peut-être la vision de l'Union européenne est un peu brouillée, on est prêt à s'expliquer. Après cela, nous allons leur demander de reconsidérer leur position", a déclaré à l'AFP le Premier ministre malgache de transition, Monja Roindefo.

"On va faire état de la situation réelle. Peut-être la démarche malgacho-malgache n'est pas très claire, il y a une certaine spécificité, difficile à suivre dans tous les détails", a-t-il ajouté.

"Nous ne pensons pas que c'est un coup d'Etat. C'est l'expression directe de la démocratie, quand la démocratie représentative ne s'exprime pas à travers les institutions", a-t-il affirmé.

La présidence tchèque de l'UE a qualifié jeudi soir de "coup d'Etat" l'arrivée au pouvoir d'Andry Rajoelina, tandis que les Etats-Unis l'ont jugée "non démocratique".

La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), dont Madagascar est membre, a elle refusé de reconnaître le nouveau président.

Ces condamnations "ne nous embêtent pas outre mesure", a poursuivi le Premier ministre, ajoutant: "s'ils n'ont pas bien compris le processus, ils ont le droit de réagir. S'ils maintiennent leur position après notre plaidoirie, là ce sera embêtant".

La Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a officiellement entériné mercredi l'accession au pouvoir de M. Rajoelina.

Auparavant, elle avait validé l'ordonnance par laquelle le président Ravalomanana, lâché par l'armée, a démissionné mardi en transférant les pleins pouvoirs à un directoire militaire, qui les a ensuite remis au chef de l'opposition.