
le Tribunal pénal international a acquitté, ce jeudi, Ramush Haradinaj, accusé de crimes commis durant la guerre au Kosovo contre des Serbes. À Pristina, les Kosovars albanais attendent le retour de leur héros avec impatience.
Les Kosovars albanais attendaient jeudi dans l'enthousiasme le retour au pays de leur "héros" Ramush Haradinaj, acquitté par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de crimes commis contre des Serbes durant le conflit du Kosovo (1998-1999).
Le gouvernement du Premier ministre Hashim Thaçi s'est félicité de la décision du TPIY "d'acquitter de toute accusation l'ancien Premier ministre du Kosovo Ramush Haradinaj (...) un verdict juste qui récompense notre foi en la justice internationale".
M. Haradinaj était attendu à Pristina en fin d'après-midi et devait s'adresser à ses supporteurs sur la place centrale de Pristina en début de soirée.
Son acquittement a été accueilli par des cris de joie et dans le bruit assourdissant d'explosions de pétards dans le centre de Pristina, où des centaines de personnes avaient suivi la retransmission en direct du jugement sur un écran géant.
"La justice s'est imposée, le Kosovo a gagné. Je suis convaincu que tout ira mieux désormais car nous ne pouvons aller de l'avant qu'avec lui", s'était exclamé en pleurant Jahja Lluka, un proche collaborateur de M. Haradinaj, qui avait été brièvement Premier ministre de décembre 2004 à mars 2005, avant de se livrer au TPIY.
"Le Kosovo attendait une telle décision. Le Kosovo a tellement besoin de lui", avait dit Maria Haradinaj, une économiste quinquagénaire, assurant n'avoir aucun lien de parenté avec le "héros" kosovar.
Je peux témoigner qu'il n'a commis aucun crime et qu'il a respecté toutes les lois de la guerre. Nous attendons avec bonheur son retour et nous voulons le voir de nouveau à la tête du Kosovo", avait lancé Shpetim Felmanaj, un ancien maquisard.
M. Haradinaj a confirmé son retour sur le devant de la scène politique dans un communiqué présenté en son nom par son avocat Ben Emmerson.
M. Haradinaj "m'a demandé de vous dire qu'il reprendra prochainement, avec le soutien du peuple, la position qui lui revient, de leader politique du pays, et qu'il dirigera le gouvernement", déclaré Me Emmerson.
Le TPIY avait déjà acquitté en 2008 M. Haradinaj de crimes contre l'humanité et crimes de guerre lors du conflit au Kosovo, après que des témoins ont été intimidés.
M. Haradinaj, 44 ans, ancien dirigeant de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), et ses deux co-accusés, Idriz Balaj, 41 ans, commandant spécial des "Aigles noirs" au sein de l'UCK, et Lahi Brahimaj, 42 ans, un autre ex-responsable de l'UCK, étaient accusés de crimes, dont des meurtres et tortures, commis principalement contre des Serbes.
En revanche, Belgrade a accueilli avec colère son acquittement qui intervient deux semaines après l'acquittement de deux généraux croates inculpés de crimes de guerre commis contre des Serbes durant la guerre de Croatie (1991-95).
"Ce tribunal a été créé pour juger le peuple serbe", a ainsi réagi le président serbe Tomislav Nikolic.
"Un tel verdict encourage le séparatisme et rend difficiles les efforts pour normaliser les relations entre Belgrade et Pristina", a-t-il ajouté.
AFP