
L’Institut du monde arabe doit se doter prochainement d’un nouveau président, après que Renaud Muselier a été congédié par le Quai d’Orsay. Parmi les candidats pressentis figurerait l'ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal.
Voici venu le temps de la succession à la tête de l’Institut du monde arabe (IMA). Alors que le Quai d’Orsay doit nommer prochainement le futur président du Haut conseil de l’établissement, trois noms ont d’ores et déjà fuité dans la presse. Seraient pressentis Jean-Jacques Aillagon, Jack Lang... et Ségolène Royal.
Tandis que les deux premiers successeurs potentiels possèdent des parcours ancrés dans le milieu culturel - ils sont notamment tous deux passés par la case ministère de la Culture -, la dernière, en revanche, ne brille ni par son expérience en la matière ni par son expertise sur le monde arabe.
Fondation de droit français à visée culturelle, l’IMA, financé pour moitié par le Quai d’Orsay, réunit la France et vingt-deux pays de la Ligue arabe. À l’occasion du 25e anniversaire de l’édifice - initié par Valéry Giscard d'Estaing', célébré par l’exposition "Les Mille et Une nuits", le ministère des Affaires étrangères entend engager une nouvelle étape.
Un lot de consolation ?
La nomination de la présidente de la région Poitou-Charentes, accablée par de multiples revers politiques ces derniers mois, serait vécue comme un lot de consolation.
Grande perdante lors de la primaire socialiste, Ségolène Royal a d’abord été battue par le dissident PS Olivier Falorni au cours des législatives de juin, avant de devoir renoncer au Perchoir de l’Assemblée nationale.
Dans l’entourage de l’ancienne ministre, on se garde bien de s’exprimer sur la question d’une éventuelle arrivée à l’IMA. “Elle est très occupée dans sa région,” se contente-t-on d’indiquer. Vendredi 23 novembre, dans un SMS adressé à l'AFP, Ségolène Royal a simplement affirmé : "[l’information de mon élection à la tête de l’IMA] a circulé mais ce n'est pas d'actualité". Le nom du successeur devrait être connu courant décembre, selon l’IMA.
Rôle diplomatique
Si l'idée même d'une éventuelle nomination de Ségolène Royal peut surprendre, avoir l'ancienne candidate à la présidentielle 2007 à la tête de la fondation n’apparaîtrait pourtant pas si incongru que cela, à en juger par les précédentes personnalités qui ont occupé ce poste. Nombre d'entre eux étaient issus de la politique ou du monde de la diplomatie. Edgard Pisani, par exemple, fut sénateur, député, puis commissaire européen avant d’être nommé en 1988 par François Mitterrand aux commandes de l’établissement parisien. Camille Cabana, arrivé en 1996, a occupé à plusieurs reprises des postes de ministres. Yves Guéna, quant à lui, ministre sous le général De Gaulle, était un proche de Jacques Chirac au moment de sa nomination en 2004. Une méconnaissance du milieu culturel qui n’avait d’ailleurs pas forcément nui à l’Institut, murmure-t-on dans les couloirs de la fondation.
Et pour cause, la dimension diplomatique prédomine dans cette fonction. Présent à l’Élysée lorsque le chef de l’État reçoit des personnalités arabes importantes, le patron de l’IMA est également convié lors de visites diplomatiques effectuées par le président de la République dans l’un des vingt-deux pays de la Ligue arabe.
Une fonction à forte connotation politique donc. Déjà en 1995, à la fin de son mandat, Edgar Pisani confiait dans un entretien au journal Libération : “Je n'ai jamais reçu, au cours de ces sept ans, une seule instruction concernant l'activité culturelle de l'Institut.”