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Les 4°C qui changeraient la face du monde

Un rapport volontairement alarmiste de la Banque mondiale prend l’hypothèse d’une hausse de 4°C de la température d’ici 2060 et dresse un portrait apocalyptique du monde qui en résulterait.

C’est un rapport qui ressemble au scénario d’un film catastrophe. Il s’agit pourtant d’une très sérieuse étude menée pour le compte de la Banque mondiale par le Potsdam Institute for Climate Impact Research (l’institut allemand de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat). Intitulé “Turn down the heat” (“baissez la température), ce document, publiée dimanche 18 novembre, envisage les conséquences d’une augmentation de 4°C de la température mondiale d’ici 2060.

“C’est un scénario du pire”, reconnaît Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, en préambule du rapport. Mais il espère que le descriptif des catastrophes qui s’abattraient alors sur la Terre entraînera “un choc qui mène les gouvernements à prendre des mesures pour éviter [ce scénario, ndlr]”.

À l’heure actuelle, les États cherchent à empêcher une augmentation de la température de 2°C par rapport à l’ère pré-industriel. Mais cette ambition semble déconnectée de la réalité souligne le rapport, pour qui une hausse de 3,5°C semble plus probable d’ici à la fin du siècle. “Mais si rien n’est fait très vite, 4°C de plus est une hypothèse envisageable”, prévient Jim Yong Kim. Une hypothèse qui, d’après les conclusions des auteurs, changerait à jamais la face du globe. Ils soulignent que dans le sens inverse, la dernière ère glaciaire était intervnue après une baisse de 4°C.

Il n’y a “aucune certitude” que la planète puisse s’adapter à une telle hausse des températures, peut-on lire dans cette étude. Ce dont les auteurs sont convaincus, en revanche, c’est que des vagues de chaleur comme celle que la Russie a connu en 2010 et qui a entraîné “des milliers de morts” deviendraient “la nouvelle norme estivale” pour le monde occidental.

Un monde encore plus inégalitaire

La montée des températures serait également une aubaine pour certaines maladies tropicales comme la dengue ou la malaria. Les insectes qui la véhiculent trouveraient un climat globalement plus propice un peu partout dans le monde.

La multiplication des inondations serait probablement la conséquence la plus visible de ce réchauffement climatique. Plusieurs villes côtières, notamment au Venezuela, en Inde ou encore au Mozambique, pourraient alors ne pas résister à un tel déchaînement des éléments de la nature.

“L'intensification prévue des événements climatiques extrêmes pourrait inverser les efforts pour réduire la pauvreté, particulièrement dans les pays en développement”, souligne aussi le rapport, faisant des populations les plus pauvres les premières victimes dans ce scénario catastrophe. Les sécheresses à répétition frapperaient l’Afrique sub-saharienne, entraînant un sursaut de la mortalité infantile dans cette région. Le monde serait encore “plus inégalitaire” qu’aujourd’hui, conclut le rapport.

Ce document est le deuxième en quelques semaines à jouer la carte du catastrophisme climatique pour susciter un sursaut de la part des États les plus pollueurs comme les États-Unis ou la Chine. La CIA, le service de contre-espionnage américain, a ainsi souligné, dans un document rendu public le 9 novembre, qu’une augmentation des températures créeraient probablement de nouveaux conflits à cause de la raréfaction de certaines ressources naturelles.