La France a détruit 50 400 emplois au troisième trimestre 2012, essentiellement à cause d'une forte chute de l’intérim où 32 800 postes ont été supprimés. Pessimistes, les chefs d'entreprise sont dans l'incapacité de se projeter.
Si les chiffres venaient à se confirmer, ce serait le pire trimestre que la France a connu depuis 2009 en terme d'emplois. Selon une estimation provisoire publiée par l'Insee, l'économie française a perdu 50 400 postes au troisième trimestre 2012. À titre de comparaison, au plus fort de la crise financière, au troisième trimestre 2009, la France n'avait détruit "que" 48 000 emplois.
Les deux-tiers des suppressions estimées pour le troisième trimestre 2012 ont eu lieu dans l'intérim (- 32 800 postes, - 6 %). En un an, ce secteur considéré comme un indicateur avancé du marché du travail a perdu 73 600 postes, soit 12,5 % de ses effectifs. "Les chefs d'entreprise sont dans l'incapacité de se projeter, ils ne renouvellent pas les missions d'intérim car ils n'attendent pas de reprise", souligne Philippe Waechter, expert chez Natixis.
Signe que la crise est profonde, la dégradation n'épargne plus le tertiaire en général, qui hors intérim "perd 3 900 postes alors qu'on observait en moyenne 12 000 créations par trimestre" depuis un an, souligne l'expert de l'Insee Frédéric Tallet.
"Un ajustement dur est à craindre"
Les suppressions sont par ailleurs plus fortes dans l'industrie (-9 800) qu'au trimestre précédent (-7 700) et elles ralentissent dans la construction (-3 900 contre -6 800 au deuxième trimestre). Il s'agit pour Philippe Waechter d'un "début d'ajustement" des effectifs des entreprises. Alors que l'Insee doit publier le 15 novembre son estimation de croissance pour la période de juillet à septembre, "les signaux nous disent que la situation restera dégradée dans les prochains trimestres et que l'ajustement va durer un bon moment", poursuit l'expert.
Les économistes s'attendant à un quatrième trimestre consécutif de croissance atone. "Un ajustement dur est à craindre" dans les mois à venir, pronostique Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. Si les entreprises avaient totalement répercuté la baisse d'activité, "il y aurait dû avoir 220 000 suppressions d'emplois à ce jour", explique-t-il.
Dans ce contexte, l'Insee prévoit que le taux de chômage continuera de grimper, pour atteindre 10,2 % fin 2012 en métropole. En hausse depuis 17 mois, le nombre de demandeurs d'emplois a connu en septembre sa plus forte augmentation depuis avril 2009, avec désormais 3,05 millions d'inscrits à Pôle emploi (sans aucune activité) en métropole. Pour espérer stabiliser le chômage, il faudrait que l'économie crée 30 à 40 000 postes chaque trimestre, selon les économistes.
FRANCE 24 avec dépêches