Pour la première fois, l'organisation internationale de coopération policière Interpol sera présidée par une femme, la Française Mireille Ballestrazzi. Elle est l'une des rares femmes ayant accédé à de hautes responsabilités dans la police.
Elle est la première femme à présider Interpol. Une consécration pour Mireille Ballestrazzi, 58 ans, qui était jusqu'à présent la numéro deux de la police judiciaire à Paris. "Je suis heureuse bien sûr de la confiance qui m'a été accordée", a-t-elle déclaré sur la radio RTL, ajoutant qu'elle était en même temps "fière pour les femmes parce qu'on ne peut pas ignorer que forcément cela a un impact et fière pour la France". Elle a été élue jeudi 8 novembre pour un mandat de quatre ans par les 190 pays membres réunis en assemblée générale à Rome. Seule en lice, sa candidature s'est imposée au fil des mois.
C’est presque devenu une habitude, pour cette spécialiste de police judiciaire, de briser le monopole masculin dans la police française. Dès l’âge de 20 ans, la diplômée en licence de lettres classiques et en maîtrise de langues anciennes, décide de s’engouffrer dans cet univers viril en passant le concours de commissaire de police, qui vient juste de s’ouvrir aux femmes. En 1975, elle devient commissaire de police et s’illustre tout au long de son parcours professionnel comme l'une des premières femmes ayant exercé de hautes responsabilités dans la police.
En 1978, Mireille Ballestrazzi débute sa carrière en prenant la tête d'un groupe de répression du banditisme à Bordeaux, avant d'officier comme patronne de l´antenne de police judiciaire du Val-d´Oise. Nommée commissaire divisionnaire en 1991, elle devient deux ans plus tard la première femme à prendre la tête de la police judiciaire en Corse, un poste ultra-sensible compte tenu du contexte nationaliste de l’époque. Elle a ensuite commandé le service de la police judiciaire française en charge de la répression de la délinquance économique et financière. En 2010, "Madame la commissaire" - comme elle se présentait dans son livre paru en 1999 - a été élevée au grade d'inspecteur général de la police tout en participant au comité exécutif d'Interpol.
"Elle fait honneur à la police"
Déjà à cette époque, cette mère de famille reconnaissait que les femmes étaient peu nombreuses au sein de l'organisation internationale. "Il est bien que dans le milieu policier, comme dans d'autres, elles soient un minimum représentées", expliquait-elle dans un entretien accordé à l'Associated Press. "Mais je n'irai pas jusqu'à dire comme certains qu'il y a une approche féminine du travail policier. J'y suis avant tout comme une opérationnelle. Et je ne ressens aucune méfiance de la part d'autres collègues, quel que soit leur pays d'origine."
Lors d’une visite à Rome lundi 4 novembre, le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls a dressé un portrait élogieux de Mireille Ballestrazzi. "C'est une grande policière et c'est la première fois qu'une femme sera présidente d'Interpol même si je ne veux pas la réduire au fait d'être une femme", a-t-il souligné. "Elle fait partie de ces femmes qui font honneur à la police française [...]. Elle connaît parfaitement les dossiers de la criminalité organisée, les nouvelles formes de violence et comment s'y attaquer. Elle a noué aussi des relations importantes au niveau national et international", a-t-il ajouté.
La France n'avait plus présidé la plus grande organisation policière internationale, basée à Lyon, depuis la nomination du préfet Ivan Barbot en 1988. Le poste crucial est toutefois celui du secrétaire général, un poste actuellement occupé par l'Américain Ronald Noble, qui effectue son troisième mandat.