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En Tunisie, Moncef Marzouki prolonge l'état d'urgence jusqu'en janvier

Au lendemain de violences entre les forces de l'ordre et les islamistes radicaux, l'état d'urgence instauré en Tunisie le 14 janvier 2011 après la fuite du président déchu Zine El Abidine Ben Ali a été prolongé de trois mois.

La présidence tunisienne a prolongé mercredi de trois mois, jusqu'en janvier 2013, l'état d'urgence, semblant signifier une détérioration des conditions de sécurité dans le pays, au lendemain d'affrontements entre forces de l'ordre et islamistes radicaux.

"Le président de la république provisoire Moncef Marzouki a décidé mercredi de prolonger de trois mois l'état d'urgence à compter du 1er novembre 2012", a indiqué l'agence officielle TAP.

L'état d'urgence, qui confère des pouvoirs d'intervention accrus aux forces de l'ordre et à l'armée, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 et la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali à l'issue d'une révolution.

Depuis juillet, il n'était prolongé que par tranche d'un mois. Les autorités assuraient que cela témoignait d'une amélioration des conditions de sécurité.

Cette décision intervient au lendemain d'affrontements entre les forces de l'ordre et des militants islamistes radicaux qui avaient attaqué deux postes de la garde nationale dans un quartier de la banlieue de Tunis de La Manouba.

Selon le bilan officiel, un assaillant a été tué par balles et deux agents ont été blessés. Une source policière interrogée par l'AFP et plusieurs médias tunisiens font cependant état de deux morts.

Le gouvernement, dominé par les islamistes d'Ennahda, assure être déterminé à lutter contre ce type de violences, alors que l'opposition l'accuse de faire preuve de laxisme voire de complaisance à l'égard des salafistes jihadistes.

Le ministère de l'Intérieur a averti mercredi que les forces de sécurité allait recourir à "tous les outils permis par la loi", laissant entendre que des balles réelles seraient utilisées le cas échéant.

Il a aussi affirmé avoir déployé de vastes renforts dans le quartier de Douar Hicher, où les violences ont eu lieu mardi.

Cependant, sur le terrain, aucun dispostif de sécurité renforcé n'était visible dans la journée et des dizaines de personnes semblant appartenir à la mouvance salafiste, certains armés de couteaux, étaient rassemblés dans les rues selon une journaliste de l'AFP.

Certains ont assuré se préparer à de nouveaux affrontements. "On ne va pas laisser le meurtre d'hier sans réaction", a affirmé l'un d'eux.

Un autre, âgé d'une vingtaine d'années, a reconnu que les violences avaient été déclenchées par l'interpellation de plusieurs salafistes, estimant "que ce n'est pas une raison pour tirer dans la tête d'un Tunisien".

Ennahda, qui se pose en partisan d'un islamisme politique modéré, a pour sa part réagi à ces heurts de manière ambiguë.

Il a appelé "au calme" et noté que "l'Etat a le droit de faire face à toute menace à la paix sociale" tout en disant "prier" pour "le citoyen tunisien" mort dans l'attaque des postes de police.

Les salafistes jihadistes, une branche rigoriste de l'islam sunnite, sont considérées comme responsables de nombreux coups d'éclats, certains sanglants, depuis la révolution de 2011.

Les évènements de mardi sont les plus graves impliquant cette mouvance depuis l'attaque le 14 septembre de l'ambassade des Etats-Unis (quatre morts parmi les assaillants, des dizaines de blessés).

Une centaine de personnes suspectées d'avoir participé à ces heurts en représailles à un film islamophobe diffusé sur internet ont été arrêtés depuis, mais leur chef présumé, Abou Iyadh, est toujours en fuite.

La Tunisie peine à se stabiliser depuis la révolution. Des manifestations motivées politiquement, religieusement ou par des revendications économiques et sociales dégénèrent régulièrement en violences.

Ainsi le 18 octobre, un responsable du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine (sud) est mort en marge d'affrontements entre ses partisans et des manifestants proches des islamistes au pouvoir.

AFP

Tags: Tunisie, Salafisme,