
Le groupe de hackers Anonymous a dévoilé l'identité présumée du bourreau d'Amanda Todd, une Canadienne de 15 ans qui s'est suicidée après avoir été harcelée sur Internet. Mais selon plusieurs médias, les accusations des pirates seraient erronées.
L’affaire Amanda Todd n’en finit plus de rebondir au Canada. Alors que le pays est toujours sous le choc du suicide de cette jeune fille de 15 ans harcelée sur Internet, le groupe de hackers Anonymous a publié, mercredi 17 octobre, l’identité du harceleur présumé. Mais, moins de 24 heures plus tard, de sérieux doutes sont apparus.
Dès lundi, les "hacktivistes", dont la marque de fabrique est précisément la lutte contre la pédophilie sur le Web, ont posté une vidéo promettant que cette "abomination allait être punie".
Moins de deux jours plus tard, le groupe affirmait qu’il s’agissait d'un certain Kody Maxson. Selon eux, cet habitant de Vancouver de 32 ans aurait même posté des photos de l'adolescente sur des sites pédophiles. Si l'intéressé a reconnu avoir connu Amanda, sinon avoir été son ami, selon la chaîne de télévision CTV, il a toutefois nié l’avoir harcelée. Kody Maxson aurait même dénoncé le véritable coupable à la police.
Les Anonymous ont-ils pu se tromper ? Bien que certains médias l'affirment, les pirates refusent de s’avouer vaincus. Sur la page Facebook du groupe du New Jersey, ils continuent de mettre en doute la bonne foi de Kody Maxson, insistant, preuves à l’appui, sur ces antécédents de pédophilie et de harcèlement.
Pour l’heure, la police n’a pas encore déclaré avoir retrouvé le coupable. "L'un de nos plus gros défis aujourd'hui est la diffusion de fausses informations par des personnes qui tentent d'utiliser l'histoire d'Amanda pour faire du mal ou en tirer un bénéfice", a déclaré le sergent Peter Thiessen de la gendarmerie royale du Canada au site Ottawa Citizen.
"Une enquête complète" sur les circonstances entourant le suicide d’Amanda Todd a été ouverte par les autorités canadiennes. "Les équipes des crimes de Coquitlam et Ridge Meadows travaillent ensemble, interrogent et passent en revue les facteurs potentiels qui ont contribué à sa mort", a ajouté le sergent Peter Thiessen.
Faire de la cyber-intimidation un délit
L’émotion est si vive au Canada que l’affaire a relancé le débat sur la "cyber-intimidation". La Première ministre de la province de Colombie-Britannique, Christy Clark, a ainsi lancé l'idée d'engager une discussion nationale sur l'opportunité de faire de la cyber-intimidation un délit puni par la loi.
Le drame d’Amanda Todd a commencé quand elle avait 12 ans. Alors en quête de nouvelles amitiés sur Internet, la jeune fille envoie la photo de ses seins nus à un inconnu. C’est le début de sa descente aux enfers. L’internaute la publie sur la Toile et poursuit son harcèlement en lui demandant de se déshabiller pour lui devant une webcam.
La photo et l’histoire ont fini par circuler via le Web dans le collège de la jeune fille. Sur Facebook, Amanda Todd devient aussi la cible d'intimidations venant apparemment de ses camarades d'école. S’en suivent trois années de harcèlement, d’insultes qui provoquent chez la jeune fille crises d’angoisse et dépression. L’adolescente se réfugie alors dans l’alcool et la drogue. Elle fait deux tentatives de suicide.
Désespérée, elle poste, début septembre, sur YouTube, une vidéo pour partager le drame qu’elle vit. Sans montrer son visage, et sans dire un mot, l’adolescente fait défiler une à une les feuilles blanches qui relatent le calvaire qu’elle a vécu. "Je n’ai personne et j’ai besoin de quelqu’un", a-t-elle notamment écrit. Un appel à l’aide qui sera resté lettre morte. Amanda a mis fin à ses jours le 10 octobre.