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Discours de Dakar : après les paroles, l'Afrique attend des actes

Au lendemain du discours de François Hollande à Dakar, dans lequel il a promis la fin de la Françafrique, la presse africaine se félicite de la rupture par rapport à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, mais elle demande aussi des actes concrets.

La presse africaine revient largement ce samedi sur le déplacement de François Hollande à Dakar. Cinq ans après les propos controversés de Nicolas Sarkozy sur "l'homme africain" qui selon lui, n'était "pas assez entré dans l'Histoire", les Africains attendaient beaucoup de la venue du nouveau président français.

"Les fromages hollandais"

Le journal sénégalais "Le Soleil", qui fait sa une sur cette visite, en dresse un bilan positif en insistant sur les "quatre conventions signées" entre les deux pays, "la démocratie sénégalaise magnifiée" et "la facilitation de l’obtention des visas pour les étudiants et les artistes".

Le constat est aussi élogieux pour "WalFadjiri" qui écrit que "Hollande corrige la copie de Sarkozy et enterre la Françafrique".

Mais dans le reste de la presse sénégalaise, les analyses sont beaucoup plus nuancées. Le "Quotidien" titre ainsi en Une : "Les fromages hollandais". Ce journal affirme que pour arrêter la Françafrique, "François Hollande devra commander des serrures très spéciales pour que portes de l’Élysée et des ministères soient closes", à la "race d’affairistes, de gourous de la communication et de porteurs de mallettes à la peau dure".

"Un discours qui n’est pas vraiment une innovation"

Dans d’autres pays africains, le discours de François Hollande n’a pas non plus totalement convaincu.

Dans le journal ivoirien "Notre Voie", Koulibaly Doucy note que même si la prise de parole du président français "sonne comme une sorte de réparation à l’égard des Africains, cinq années après la déclaration rébarbative et humiliante que son prédécesseur Nicolas Sarkozy a faite à Dakar", il affirme que ce discours "n’est pas vraiment une innovation dans la mesure où il n’inclut pas de mesure qui permet de croire à une volonté réelle de changement entre les pays africains et la France".

Le journaliste précise que les propos du président sont en désaccord avec les actes immédiats posés par la France : "Pendant que Hollande annonce la fin du temps de l’Afrique et parle de responsabilité de l’Afrique, la France propose une résolution au nom du Mali, au Conseil de sécurité de l’Onu".

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"Des paroles apaisantes, repentantes, mais qui restent des formules"

Dans son éditorial, le site Gabon Review ne cache pas sa déception. Il explique ainsi que le discours "marque une réelle rupture avec les catéchismes du passé, certains d’entre eux du moins, mais que cela restera des promesses tant que, dans les faits, rien n’aura fondamentalement changé".

Le site gabonais s’interroge également sur la capacité de la France à tenir ses promesses : "François Hollande s’avance un peu trop lorsqu’il promet l’aide de la France dans la promotion de l’économie du continent africain. D’abord, parce qu’elle n’en a plus les moyens financiers. Ensuite parce que son poids politique est déjà largement émoussée par celui de l’Union européenne."

Le journaliste attend désormais que le président français fasse ses preuves : "Place aux actes maintenant, tant il est facile de parler et dénoncer, d'autres l'ont fait avant lui, puis d'oublier ses promesses une fois rentré à la maison", conclut-il.