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C'est face à une foule en liesse dans le stade du Caire, que le président islamique Mohammed Morsi est revenu samedi soir sur son action au pouvoir depuis sa prise de fonction en juin 2012. Mais de nombreux Égyptiens expriment leur dépit.

À l’occasion d’une allocution dans le stade du Caire samedi 6 octobre, le premier chef d'État égyptien démocratiquement élu Mohamed Morsi a dressé le bilan de ses 100 premiers jours au pouvoir.

Morsi gracie les partisans de la Révolution

Le président égyptien Mohamed Morsi a décidé lundi 8octobre d'amnistier toutes les personnes soutenant la "révolution" et arrêtées depuis le début du soulèvement qui a renversé Hosni Moubarak l'an dernier jusqu'à juin 2012.

Dans un décret publié sur sa page officielle sur Facebook, la présidence annonce l'amnistie pour les faits "commis dans le but de soutenir la révolution et réaliser ses objectifs dans la période allant du 25 janvier 2011 au 30 juin 2012, à l'exception des crimes d'homicide volontaire".

Satisfait de l’action menée depuis sa prise de fonction en juin 2012, Morsi assure que 75 % des objectifs fixés ont été atteints. Un chiffre qui, d’après le président, pourrait être encore meilleur, si le trafic et la corruption n’étaient pas si présents dans le pays

Cependant, selon le "MorsiMètre", un outil internet mis en place par des activistes pour évaluer l’efficacité du président, ce dernier n’a réalisé que 7 des 64 promesses faites aux Égyptiens. Résultat, des grèves dans plusieurs secteurs ont éclaté ces dernières semaines. Autre preuve du mécontentement grandissant, un appel à manifester vendredi 12 octobre circule depuis plusieurs jours.

"De nombreux Égyptiens pensent que Morsi ne s’est pas assez concentré sur les problèmes intérieurs", explique Sonia Dridi, correspondante FRANCE 24 au Caire. Ses nombreux déplacements à l’étranger n’ont pas forcément été bien perçus par la population, suscitant même des railleries sur la Toile. "À titre d’exemple, lorsqu’il s’est rendu dans le Sinai ce week-end, certains ont dit qu’il rendait enfin visite à l’Égypte", rapporte Sonia Dridi qui estime que "ses quelques succès diplomatiques ont été éclipsés dans les médias par la trop longue progression des conditions de vie."

La nouvelle constitution, un enjeu majeur

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L'ANALYSE DE LA CORRESPONDANTE FRANCE 24 AU CAIRE
Mohamed Morsi à l’épreuve des 100 premiers jours

Mais dans son discours de samedi soir, Morsi assure que ces visites à l’étranger ont permis de doper l’économie du pays. Les thèmes de la santé, de l’éducation ou encore du logement n’ont aucunement été abordés pendant l’allocution.

"Le président islamique doit concrètement améliorer le niveau de vie des Égyptiens. C’est sur ces sujets que la population l’attend au tournant", affirme Sonia Dridi qui reconnaît toutefois que "les espoirs des Égyptiens sont nombreux voire irréalistes."

Prochain grand test pour le président : la future constitution qui doit encore être rédigée et adoptée d’ici la fin de l’année, si Morsi, issu des Frères musulmans, veut respecter le calendrier qu’il s’est fixé. Il devra sans doute se heurter à la communauté laïque qui craint une trop grande emprise de la confrérie sur le texte.