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Jérémie Louis-Sidney, l’apprenti terroriste qui voulait "finir en martyr"

L’auteur présumé de l’attaque contre une épicerie casher à Sarcelles, en banlieue parisienne, a été tué samedi lors d’une vaste opération antiterroriste. Les autorités ont précisé qu’il nourrissait d’autres projets violents.

Hollande promet une "mobilisation totale de l'État"

Sur le perron de l'Élysée, François Hollande a promis dimanche "la mobilisation totale de l'État pour lutter contre toutes les menaces terroristes" après avoir reçu des représentants d'organisations juives au lendemain de l’opération de démantèlement d'un groupe islamiste.

Le chef de l'État a évoqué l'opération policière en soulignant qu'elle avait "permis d'anéantir, de mettre hors d'état de nuire une cellule islamiste dont tout laisse penser qu'elle avait déjà frappé et qu'elle pouvait aussi le faire dans les prochaines semaines". "Quelques heures après les interpellations dans les filières islamistes, la synagogue d'Argenteuil a été mitraillée," a-t-il rappelé.

Prônant l’unité plutôt que les divisions, le président a également déclaré que les musulmans de France étaient victimes de l’islamisme radical, une "idéologie monstrueuse" qu’il a comparée au nazisme.

Assis au fond de son canapé, il n’a pas hésité longtemps avant d’ouvrir le feu sur la police, samedi 6 octobre, lorsque celle-ci a forcé la porte de son appartement strasbourgeois. Jérémie Louis-Sidney, muni d’un revolver "Smith & Wesson" de calibre 357, a vidé son barillet, soit six balles, avant d’être abattu par ceux qui venaient l’interpeller.

À 33 ans, il était le principal suspect de l’attaque d’une épicerie juive à Sarcelles, le 19 septembre dernier, qui avait fait un blessé léger. Son empreinte ADN avait, en effet, été identifiée sur la cuillère de la grenade lancée contre le magasin casher.

Il n’aura ainsi fallu que quelques jours aux policiers pour remonter jusqu’à ce Français converti à l’islam radical, connu de la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) depuis le printemps 2012. Sur les ondes de France Info samedi, François Molins, le procureur de la République de Paris, l’a décrit comme un "délinquant appartenant à un groupe soupçonné, mais sans certitudes, de vouloir rejoindre les terres du djihad."

Une vie entre Strasbourg et Cannes

Né à Melun, en Seine-et-Marne, Jérémie Louis-Sidney s’est d’abord illustré par des actes de petite délinquance. En 2008, il est condamné à deux ans de prison dans une affaire de trafic de drogue et c’est après sa libération qu’il se serait radicalisé.

Marié religieusement à deux femmes, il avait récemment élu domicile dans le quartier de l’Esplanade, une zone tranquille de Strasbourg, mais effectuait des allers-retours réguliers à Cannes, où réside l’une de ses épouses. Les relations avec cette dernière s’étaient vraisemblablement distendues suite aux critiques de l’apprenti djihadiste envers le mode de vie occidental de la Cannoise. Jérémie Louis-Sidney se déplaçait également en région parisienne où il avait des attaches familiales. Quant à d’éventuels voyages qu’il aurait effectués à l’étranger, le flou subsiste.

Son possible "passage à l’acte"

L'homme "s'était rasé la barbe en arrivant à Strasbourg" - où il séjournait ces derniers jours -, signe d'un prochain "passage à l'acte", a indiqué le procureur de Strasbourg Patrick Poirret. Selon ce dernier, Jérémie Louis-Sidney voulait "finir en martyr".

Corroborant cette hypothèse, le testament du délinquant a été trouvé après sa mort. Au cours des perquisitions, samedi, "une liste d'associations israélites de la région parisienne" a également été découverte, selon le procureur de Paris.

Les interpellations et perquisitions effectuées ce week-end avaient Jérémie Louis-Sidney pour dénominateur commun. À Cannes, son domicile principal ainsi que celui de son ex-compagne cannoise, enceinte de lui, ont été perquisitionnés. La police a également mis la main sur un homme de 19 ans qui connaissait le suspect. À Strasbourg, son autre épouse, présente dans l’appartement au moment des faits en compagnie de ses deux enfants, a elle aussi été interpellée.

(FRANCE 24 avec dépêches)