Quelques heures après son extradition d'Angleterre, l'islamiste radical Abou Hamza a comparu samedi devant un juge à New York, qui a ordonné son maintien en détention et l'a informé des onze chefs d'inculpation retenus contre lui.
Le prêcheur islamiste radical Abou Hamza a comparu brièvement samedi devant un juge, au tribunal fédéral de Manhattan, qui a ordonné son maintien en détention et lui a notifié les charges retenues contre lui aux États-Unis, quelques heures après son extradition de Grande-Bretagne.
Barbe et cheveux blancs, moignons dépourvus de prothèse aux deux bras, regard borgne, Habou Hamza, en tenue de prisonnier bleu marine et tête baissée, n'a pas dit un mot durant sa comparution.
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"Vous avez le droit de rester silencieux", lui a déclaré le juge Frank Maas au début de l'audience, expliquant que cette brève audience avait notamment pour but d'évoquer ses "droits" et de l'"informer des 11 chefs d'inculpation" retenus contre lui.
Le prédicateur d’origine égyptienne, connu pour ses prêches enflammés contre l’Occident à la mosquée londonienne de Finsbury Park, a été extradé avec quatre autres co-accusés dans la nuit de vendredi à samedi vers les États-Unis, où il est accusé d’activités liées au terrorisme.
Le gouvernement britannique a remis Abou Hamza aux autorités américaines quelques heures après le rejet de son ultime recours devant la Haute Cour de justice de Londres, mettant fin à un marathon judiciaire de huit ans.
Le symbole vivant du "Londonistan"
Abou Hamza était devenu le visage de la menace islamiste intérieure au Royaume-Uni. L’imam de 54 ans s’était notamment distingué pour avoir salué les attentats du 11-Septembre aux États-Unis. Il purgeait une peine de sept ans de prison en Grande-Bretagne pour avoir incité ses partisans à tuer des non-musulmans.
Le prédicateur de Finsbury est notamment accusé par Washington d'avoir pris part à l'enlèvement de seize touristes occidentaux au Yémen en 1998, dont quatre sont morts lors d'une opération militaire pour les libérer. Il est également soupçonné d'avoir facilité la mise en place d'un camp d'entraînement aux États-Unis en 2000-2001 et aidé à financer des candidats au "djihad" désireux de se rendre au Proche-Orient pour s'entraîner à des attentats.
Une source d'inspiration
Deux de ses co-accusés, extradés comme lui à New York, ont également comparu samedi après-midi devant le même juge fédéral à Manhattan. Adel Abdul Bary, un Égyptien de 52 ans, a plaidé non coupable, le deuxième, Khaled Al-Fawwaz, Saoudien de 50 ans, a refusé de plaider, son avocat invoquant des raisons de procédure.
Bary et Fawwaz sont accusés de complot avec Al-Qaïda en vue de tuer des Américains. Bary est en plus accusé de meurtres pour les attentats contre les ambassades américaines de Dar-es-Salaam (Tanzanie), et Nairobi (Kenya) en 1998, qui avaient fait 224 morts, selon la justice américaine.
Les deux derniers hommes extradés ont comparu devant un tribunal du Connecticut (nord-est) et ont tous les deux plaidé non coupable.
Abou Hamza a été décrit comme source d’inspiration pour certains des activistes connus sur la scène internationale comme le Français Zacarias Moussaoui, condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir participé à l’organisation des attentats du 11-Septembre.
Né en Égypte, l’imam était arrivé au Royaume-Uni dans les années 70 pour y suivre des études d’ingénieur. Il avait épousé une Britannique et travaillait comme portier dans des discothèques de Londres.
L’imam raconte qu’il a perdu ses deux mains - il porte un crochet à la droite - et un œil en Afghanistan dans les années 80 lors d’une mission humanitaire. Selon les autorités, il combattait contre l’Union soviétique aux côtés des moudjahidine.