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Naturalisation belge : Arnault récuse toute "interprétation politique"

Le patron de LVMH Bernard Arnault a réaffirmé dimanche qu'il allait continuer à payer ses impôts en France "comme tous les Français". L'homme d'affaires a également réfuté toute "interprétation politique" de sa demande de nationalité belge.

"Je suis et je resterai fiscalement domicilié en France et, à ce titre, je remplirai, comme tous les Français, l'ensemble de mes obligations fiscales". Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, veut couper court à la polémique concernant sa demande de double nationalité franco-belge révélée dans la presse samedi 8 septembre.

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Reportage sur les exilés français de Belgique
Naturalisation belge : Arnault récuse toute "interprétation politique"

Interrogé par l’AFP dimanche, l'homme le plus riche de France a tenu à réaffirmer que sa demande de double nationalité "sert une démarche personnelle engagée depuis plusieurs mois, et ne doit faire l'objet d'aucune interprétation politique".

"Notre pays doit compter sur la contribution de chacun pour faire face à une crise économique profonde dans un cadre budgétaire particulièrement contraint", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué diffusé samedi 8 septembre, l'homme d’affaires de 63 ans avait déjà démenti les rumeurs d'un exil fiscal en Belgique, affirmant que sa demande de naturalisation était motivée par ses "nombreux liens avec la Belgique tant sur le plan personnel et familial que sur le plan professionnel".

"Il n'y a aucun intérêt fiscal à cette démarche"

Samedi, la révélation de sa demande de double nationalité a enflammé le débat sur les projets fiscaux du gouvernement français, dont les modalités d'application doivent être définies dans le cadre du budget 2013. Vendredi 5 septembre, le président de la République avait réitéré son intention de taxer à 75 % les revenus situés au-dessus de 1 million d'euros par an.

Les spécialistes s’accordent, en effet, pour dire qu’il n’y a aucun intérêt fiscal à la démarche de Bernard Arnault, sauf si le gouvernement français reprend l'idée de l'ancien président Nicolas Sarkozy de taxer les revenus des Français exilés dans le monde. "Il lui suffira alors de devenir résident belge pour changer de régime fiscal, puis de renoncer à la nationalité française pour échapper à l'impôt sur la fortune et à la taxation des plus-values", explique Thierry Afschrift, avocat fiscaliste interrogé par "Le Parisien" dimanche 9 septembre.

D'autres confrères y voient plutôt un premier pas vers un exil fiscal vers Monaco. La nationalité belge pourrait permettre à Bernard Arnault - à condition qu'il renonce à la nationalité française - d'échapper aux accords entre la Principauté et la France, qui stipulent que les Français résidant sur le Rocher restent soumis aux impôts de l'Hexagone.

"Cette démarche est surtout un message politique fort qu’il souhaite envoyer au gouvernement français", juge pour sa part un économiste français basé à Paris qui souhaite garder l’anonymat. Pour l'heure, Matignon et l'Élysée n'ont pas fait de commentaires.

Proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy et libéral revendiqué, l'homme d'affaires possède une fortune estimée à 41 milliards de dollars par le magazine américain "Forbes". Après la victoire de la gauche en 1981, il s'était exilé aux États-Unis pendant trois ans.