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Devant les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, réunis au Caire, le président égyptien a annoncé la création d'un quartette de médiateurs (Iran, Turquie, Arabie saoudite, Égypte) chargés d'œuvrer pour la résolution du conflit syrien.
REUTERS - Un "quartet" de médiateurs internationaux formé de l'Iran, de la Turquie, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte va se réunir pour contribuer à la résolution du conflit syrien, a annoncé mercredi le président égyptien Mohamed Morsi.
Pour les experts de la région, il semble peu probable que les membres de ce "quartet" parviennent à se mettre d'accord sur les moyens de mettre un terme à la crise.
L'annonce du président égyptien leur paraît illustrer avant tout la volonté de Mohamed Morsi de ramener l'Egypte au centre du jeu diplomatique dans la région.
S'adressant pour la première fois en tant que chef de l'Etat aux ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe réunis au Caire, Morsi a lancé un vibrant appel aux pays arabes pour qu'ils associent leurs efforts afin de mettre un terme aux violences en Syrie.
"Le quartet souhaité par l'Egypte va maintenant se réunir", a-t-il dit sans plus de précision.
Le moment est au "changement et non plus à perdre du temps à parler de réformes. Ce temps-là est désormais révolu. Maintenant, c'est l'heure du changement", a ajouté Mohamed Morsi.
Un délégué égyptien a précisé que des contacts étaient en cours entre Le Caire, Ankara, Ryad et Téhéran pour décider des initiatives à prendre en vue de mettre fin à la guerre en Syrie mais que les discussions se poursuivaient sur la formation du
"quartet" et qu'aucune date n'avait encore été fixée pour une première réunion.
Les Iraniens, contrairement aux Egyptiens, aux Turcs et aux Saoudiens, soutiennent le président syrien Bachar al Assad, un membre de la communauté alaouite, une branche du chiisme.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé mercredi le gouvernement de Bachar al Assad d'avoir instauré un "Etat terroriste" en Syrie.
"Le régime en Syrie est désormais devenu un Etat terroriste", a-t-il dit lors d'une réunion de son Parti de la Justice et du Développement (AKP).
Lors de la visite à Pékin de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, la Chine et les Etats-Unis ont exprimé une nouvelle fois leurs désaccords sur la situation en Syrie.
L'Irak veut se tenir à distance du conflit
Si Hillary Clinton a remercié la Chine pour sa contribution aux pressions exercées sur l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire, elle a souligné que la déception de Washington à l'égard de la position chinoise sur la Syrie n'était "pas un secret".
Yang Jiechi a réitéré l'opposition de la Chine à toute intervention extérieure en Syrie. Il a toutefois assuré que Pékin soutenait le principe d'une "transition politique" dans ce
pays.
Dans une interview à Reuters, le chef de la diplomatie irakienne Hoshiyar Zebari a déclaré que Bagdad observait avec méfiance les tensions grandissantes entre chiites et sunnites dans le monde arabe, exacerbées par plus de dix-sept mois de
violences en Syrie.
Les chiites, au pouvoir en Irak après des années de persécution sous le régime de Saddam Hussein, craignent qu'une chute du régime du président Assad ne fasse voler en éclats l'équilibre religieux en Syrie et n'ouvre la voie, à plus ou moins long terme, à la mise en place à Damas d'un régime sunnite hostile à Bagdad.
L'intensification des violences entre les rebelles syriens, majoritairement sunnites, et le régime alaouite, fait également planer une menace sur le fragile équilibre des pouvoirs entre kurdes, chiites et sunnites dans l'Etat irakien voisin. Le conflit syrien a d'ores et déjà exacerbé les tensions entre le pouvoir central irakien et la province autonome kurde.
"Nous sommes préoccupés par la multiplication des milices, des groupes armés et la montée du fondamentalisme qui ébranlent notre système politique", explique le ministre des Affaires étrangères. "Nous ne voulons pas être plongés" dans la bataille
sunnite-chiite qui fait rage dans la région.
Alors que les autres pays du monde arabe et du Golfe ont officiellement pris position en faveur de la rébellion syrienne, l'Irak a adopté une approche plus discrète et ne s'est pas joint, jusqu'à présent, aux appels lancés en faveur de la démission de Bachar al Assad.