Le président égyptien Mohamed Morsi a dénoncé le "régime oppressif" d'Assad lors de son discours, jeudi, devant les délégués participant au sommet des non-alignés à Téhéran. Des propos qui ont provoqué le départ de la délégation syrienne.
AFP - Le président égyptien Mohamed Morsi a dénoncé jeudi le "régime oppressif syrien qui a perdu sa légitimité", à l'ouverture du sommet des pays Non-Alignés à Téhéran, plus ferme allié de Damas, un discours suscitant les protestations de la délégation syrienne qui a quitté la salle.
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"La révolution en Egypte était un pilier du printemps arabe, elle a commencé quelques jours après la Tunisie, a été suivie par la Libye et le Yémen et aujourd'hui la révolution en Syrie (vise) le régime oppressif" de ce pays, a déclaré M. Morsi.
"Notre solidarité avec la lutte que mènent les Syriens contre un régime oppressif qui a perdu sa légitimité est un devoir moral et une nécessité politique et stratégique", a-t-il ajouté tandis que la délégation syrienne emmenée par le Premier ministre Waël al-Halaqi quittait la salle.
"La délégation syrienne a quitté la salle pour protester contre le discours de Morsi qui (...) est une ingérence dans les affaires syriennes et (...) une incitation à la poursuite du bain de sang en Syrie", a affirmé le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, présent à Téhéran, selon la télévision d'Etat syrienne.
Premier président civil élu en Egypte dans la foulée d'une révolte populaire contre le régime de Hosni Moubarak, M. Morsi effectue dans le cadre de ce sommet la première visite à Téhéran d'un chef d'Etat égyptien depuis la rupture des relations diplomatiques de son pays avec l'Iran il y a plus de trente ans. Il ne devait rester que quelques heures à Téhéran pour passer le relais de la présidence tournante du Mouvement des Non-Alignés aux autorités iraniennes, selon son entourage.
"Les peuples palestinien et syrien veulent la liberté, la dignité et la justice", a encore dit M. Morsi devant l'assemblée comprenant notamment les dirigeants iraniens, le Guide suprême Ali Khamenei et le président Mahmoud Ahmadinejad.
L'Iran est le principal allié régional du régime du président Bachar al-Assad, confronté à une révolte depuis mars 2011, et s'oppose fermement à un départ du pouvoir de M. Assad comme le réclament des pays occidentaux et arabes, dont l'Egypte.
M. Morsi, premier président issu des rangs des Frères musulmans, a toutefois réitéré sa volonté "de travailler avec toutes les parties pour faire en sorte que le sang s'arrête de couler" en Syrie, où le conflit a fait plus de 25.000 morts en 17 mois, selon une ONG syrienne.
Le président égyptien avait tendu la main à Téhéran à la mi-août en proposant la création d'un comité régional quadripartite pour tenter de trouver une solution à la crise syrienne, comprenant l'Egypte, l'Iran, l'Arabie saoudite et la Turquie.
Cette initiative avait été bien accueillie par Téhéran, qui voudrait jouer un rôle dans la résolution de la crise en dépit de l'hostilité de Washington et de l'opposition syrienne.
M. Morsi s'était entretenu de la Syrie la veille au téléphone avec le président français François Hollande et "les deux chefs d'Etat ont constaté qu'aucune solution politique n'était désormais possible sans le départ de Bachar al-Assad", selon la présidence française.
L'Iran a rompu ses relations avec l'Egypte en 1980 pour protester contre la conclusion des accords de paix israélo-égyptiens l'année précédente par le président Anouar al-Sadate.
Hosni Moubarak, à la présidence pendant trente ans jusqu'à sa chute en février 2011, a fermement maintenu l'Egypte dans le camp des pays hostiles à l'influence de l'Iran, perçu comme un facteur de déstabilisation au Moyen-Orient. Il ne s'est jamais rendu à Téhéran.