Selon certaines associations médicales au Zimbabwe, une épidémie de choléra se propage rapidement dans le pays et aurait déjà causé la mort de près de 300 personnes. Le gouvernement se refuse à publier un bilan global des victimes.
Les associations médicales du Zimbabwe ont tiré la sonnette d'alarme vendredi face à une propagation rapide du choléra, qui a déjà fait près de 300 morts, selon les Nations unies, et risque de prendre encore de l'ampleur, compte-tenu du délabrement du système de santé.
Le ministre de la Santé, David Parirenyatwa, a reconnu que la situation était "sans précédent" et que neuf des dix provinces du pays étaient affectées par l'épidémie.
Le régime du président Robert Mugabe se refuse toutefois à publier un bilan global des victimes et se contente de chiffres locaux communiqués au compte-gouttes, avec un total inférieur à 100 cas mortels.
Le bilan provisoire, arrêté au 18 novembre, est de 6.072 cas de choléra et 294 décès dus à l'infection, a toutefois déclaré vendredi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), confirmant des chiffres communiqués la veille par l'ambassadeur américain à Harare James McGee.
Les établissements de santé "font état d'un taux d'admission de 200 patients par jour", a précisé OCHA, pour qui "l'épidémie semble devoir continuer à s'étendre aussi bien territorialement qu'en nombre de personnes infectées, car la situation en ce qui concerne l'eau et l'assainissement s'aggrave."
Dans ce contexte, l'Association des médecins zimbabwéens pour les droits de l'Homme et l'Association médicale du Zimbabwe ont appelé le régime du président Robert Mugabe à déclarer "l'état d'urgence".
"Notre système de santé qui était envié par de nombreux pays développés est désormais au bord de l'effondrement total", a déclaré la première, en déplorant le manque de médicaments, de place et de personnel dans les établissements de santé.
"Les malades qui ont besoin d'une assistance médicale sont refoulés à l'entrée des hôpitaux et des cliniques du Zimbabwe", a-t-elle déploré.
L'épidémie était "prévisible et par conséquent évitable", a renchérit l'Association médicale du Zimbabwe, en demandant au gouvernement de débloquer en priorité des fonds pour la Santé.
Le Zimbabwe s'enfonce depuis le début des années 200O dans un marasme économique d'une ampleur inouïe, qui se caractérise par une hyperinflation délirante à près de 231 millions %, 80% de chômage et une production au point-mort.
Les réseaux d'égoûts, de collecte des ordures et d'eau n'ont pas été épargnés par cette crise. La plupart des habitants de Harare ont aussi creusé des puits dans leur jardin, favorisant le risque de maladies liées à l'eau comme le choléra.
Quant au secteur sanitaire, autrefois un modèle pour les pays en développement, il n'est plus que l'ombre de lui-même: les personnels médicaux ont fui à l'étranger, la pénurie de devises empêche le paiement des salaires de ceux qui sont restés et l'achat des médicaments.
L'espérance de vie a chuté à 36 ans.
Le quotidien d'Etat The Herald a rapporté vendredi qu'un hôpital de Mutoko au nord-est de Harare, où trois personnes sont mortes du choléra, allait peut-être devoir fermer faute de nourriture.
"La situation dans les hôpitaux publics est mauvaise", a admis le ministre de la Santé, qui s'est toutefois dit confiant sur une baisse prochaine des pénuries alimentaires.
Malgré l'optimisme affiché des autorités, qui assurent "se battre pour contrôler l'épidémie", OCHA craint "le début de la saison des pluies", qui risque d'aggraver la situation.
Quant aux voisins du Zimbabwe, ils s'inquiètenet d'un possible afflux de malades sur leur territoire. Cent cas ont déjà été rapportés en Afrique du Sud, dont trois mortels, selon les autorités locales.
Le choléra, qui prolifère dans l'eau salie par les excréments humains, se manifeste par des diarrhées et des vomissements pouvant mener à un état de déshydratation fatal, mais peut facilement se soigner s'il est traité à temps.