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Les déclarations de Shimon Peres sur l'Iran créent une polémique en Israël ‎

Après que Shimon Peres a déclaré qu'Israël ne pouvait attaquer l'Iran sans l'aide des États-Unis, la polémique enfle dans le pays. Des proches du Premier ministre Benjamin Netanyahou critiquent vertement les propos du président israélien.

AFP - Les déclarations du président Shimon Peres selon lesquelles l'Etat hébreu ne peut attaquer l'Iran sans les Etats-Unis ont provoqué une polémique en Israël dont les médias et les commentateurs se faisaient vendredi largement l'écho.

Des proches du Premier ministre Benjamin Netanyahu, cités par les médias, ont vivement critiqué les déclarations de M. Peres jeudi, soulignant que sa prise de position, en contradiction avec la ligne défendue par M. Netanyahu, outrepasse la fonction présidentielle, largement honorifique.

"Shimon Peres a oublié en quoi consiste son rôle en tant que président", ont déclaré ces sources, citées vendredi, entre autres médias, par le site d'information en ligne Ynet.

"Peres a oublié qu'il a fait dans le passé au moins trois erreurs cruciales concernant la sécurité nationale", indiquent-elles.

"Il s'est trompé en pensant que les accords d'Oslo (avec les Palestiniens) permettraient de créer un nouveau Moyen-Orient (...), il s'est trompé en pensant qu'il y aurait la paix à Gaza après le retrait israélien".

Et "il a fait sa plus grosse erreur en 1981 lorsqu'il s'est opposé à la destruction du réacteur irakien mais heureusement le Premier ministre Menahem Begin n'a pas tenu compte de son avis", ont-elles ajouté.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de M. Netanyahu a déclaré qu'il ne pouvait pas "confirmer officiellement" ces critiques.

De nombreux commentateurs et responsables politiques ont dénoncé la dureté des propos de l'entourage de M. Netanyahu envers M. Peres.

"Le fait que Netanyahu se cache derrière ses conseillers ne diminue en rien la gravité de ses critiques. Son éclat contre le président Shimon Peres est agressif", a estimé la chef du parti travailliste d'opposition Shelly Yachimovitch, citée par Ynet.

Une opinion partagée par l'analyste politique du quotidien Maariv, Ben Caspit, qui écrit qu'il attendait de M. Netanyahu davantage de "retenue".

"Il sait bien que c'est l'opinion de Peres (...) Mais Netanyahu a de nouveau fait preuve de son manque de contrôle bien connu", estime-t-il.

Certains commentateurs estiment que le président pourrait cependant avoir marqué un point en donnant l'avantage au camp des opposants à une attaque contre l'Iran alors que les spéculations se multiplient sur l'imminence d'une frappe israélienne contre les installations nucléaires de l'Iran.

"Le but a apparemment été atteint. La position du président, qui s'ajoute à celles des hauts responsables de renseignements et de sécurité (opposés à une frappe) fera pencher la balance en faveur des opposants dans le débat sur l'éventualité d'une frappe israélienne", estime Shimon Shiffer, analyste politique du quotidien Yedioth Aharonot.

"Netanyahu, après avoir répété qu'il serait le seul à décider d'une frappe contre l'Iran va être obligé de revoir sa position", ajoute-t-il.

Dans des interviews diffusées jeudi par deux chaînes israéliennes, M. Peres, qui bénéficie d'une forte popularité en Israël et à l'étranger, avait affirmé qu'il était "clair" qu'Israël ne pouvait attaquer l'Iran sans l'aide des Etats-Unis.

M. Netanyahu est considéré comme partisan d'une ligne dure sur le dossier iranien et réitère régulièrement le droit d'Israël à se défendre, au besoin seul, contre un Iran nucléaire qui menace, selon lui, l'existence même de l'Etat hébreu.

Téhéran dément avec véhémence que son programme nucléaire ait des visées militaires.