![Continental supprime plus de 1 100 postes, révolte des salariés Continental supprime plus de 1 100 postes, révolte des salariés](/data/posts/2022/07/14/1657817998_Continental-supprime-plus-de-1-100-postes-revolte-des-salaries.jpg)
Les 1120 salariés de l'usine Continental de Clairoix, en Picardie, s'insurgent contre la fermeture annoncée du site en 2010. Ils s'estiment "trahis" par leur direction, après avoir accepté un retour aux 40 heures de travail hebdomadaires en 2007.
AFP - Les salariés de Continental à Clairoix (Oise), dont beaucoup s'estiment "trahis", ont cessé le travail jeudi et se mobilisaient contre le projet de fermeture du site, alors que des voix s'élèvent pour évoquer un recours en justice contre le groupe allemand.
Quelques centaines des 1.120 salariés se sont réunis vers 08H00 à l'appel d'une intersyndicale devant le site qui fabrique des pneumatiques, dont le groupe allemand a annoncé mercredi la fermeture - la plus importante en France depuis le début de la crise à l'automne - d'ici un an.
Ils ont assisté vers 10H00 à une séance de questions-réponses avec le DRH de l'usine, qui a remplacé au pied levé le directeur Louis Forzy, reparti au pas de course après avoir été copieusement sifflé et avoir reçu sur le crâne des oeufs lancés dans sa direction.
En assemblée générale, les salariés ont adopté quelques grands principes, parmi lesquels l'arrêt du travail jusqu'à nouvel ordre, l'exigence de paiement intégral des salaires malgré cette grève de fait -ce qu'ils ont obtenu jusqu'à mardi-, et le refus de voir un seul salarié du site finir au chômage.
S'estimant "trahis", alors qu'un accord sur le retour aux 40 heures de travail hebdomadaires avait été signé fin 2007 par la CFTC (majoritaire) et la CFE-CGC et devait assurer la pérennité du site jusqu'en 2012, certains délégués syndicaux envisagent désormais de dénoncer cet accord.
"Nous allons engager un avocat", promet aux salariés Antonio Da Costa, délégué CFTC qui avait signé l'accord, à qui ses collègues réservent désormais un accueil plutôt mitigé.
"On étudie précisément la question", confirme-t-il plus tard à l'AFP. "Mais on ne va pas trop vite, c'est peut-être le seul moyen de nous sauver", ajoute-t-il, faisant référence à la promesse de pérenniser le site de la direction d'alors.
Parallèlement, l'usine Continental de Sarreguemines (Moselle), retournée également à 40 heures en 2007, va repasser aux 35 heures lundi en raison d'une baisse de la production, selon une source syndicale.
"On a aussi pensé à attaquer pour délit d'entrave" aux règles d'information des représentants des salariés, poursuit M. Da Costa. Ce recours, même le secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi Laurent Wauquiez, ou le sénateur-maire UMP de Compiègne Philippe Marini, l'ont évoqué.
"Nous avons respecté les procédures légales", leur a répondu depuis Paris Bernhard Trilken, vice-président senior de Continental.
Continental "n'a commis aucun délit d'entrave", a martelé la direction, qui a par ailleurs souligné la mise en place d'une cellule de soutien psychologique sur le site.
Le groupe entend "travailler avec les autorités nationales" et locales pour rechercher des idées d'activités à réimplanter sur le site de Clairoix, a ajouté M. Trilken. Continental est le premier employeur privé de l'Oise.
"Nous allons voir avec l'entreprise pour nous assurer qu'il n'y a pas eu des promesses qui n'auraient pas été tenues", a de son côté assuré la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin à l'issue du onzième conseil des ministres franco-allemand.
Plutôt désordonnés, menés par la CGT plutôt que par la CFTC, majoritaire mais coupable aux yeux de beaucoup d'avoir signé l'accord sur les 40 heures, les salariés présents jeudi ont mené quelques actions symboliques.
Un comité central d'entreprise est prévu lundi à Reims, où souhaitent se rendre de nombreux salariés, et un autre le 31 mars.