À une semaine de la fin des JO, la Russie n’a remporté que cinq titres olympiques. Il n'est pas évident qu’elle atteigne les 23 médailles d’or glanées à Pékin. Un résultat décevant pour une nation qui aspire à redevenir une puissance sportive.
Où sont passés les athlètes russes ? À Londres, les médailles d’or pour l’équipe olympique de Russie se font rares : cinq seulement à une semaine de la fin des Jeux. Une contre-performance annoncée qui contraste avec les résultats encourageants obtenus lors des Mondiaux d’athlétisme de Daegu en Corée du Sud en 2011 (2e nation sur le classement final avec 19 médailles dont 9 en or) ou lors des Jeux de Pékin en 2008 (3e avec 72 médailles dont 23 en or).
Pourtant, l’objectif du Comité olympique russe (ROC) ne manquait pas d’ambition. La Russie visait "au moins 25 médailles", deux de plus qu’à Pékin. "Nous voulons finir parmi les trois nations les plus médaillées", avait même affirmé, avant le début des Jeux, Alexander Zhukov, le président du ROC.
Déception russe
À Londres, c’est donc la désillusion totale dans le camp russe. Et pourtant, la Fédération russe avait promis jusqu’à 1 million de dollars à chaque athlète qui remporterait une médaille d’or. Mais rien n’y fait. Les titres olympiques escomptés échappent aux représentants de la Russie pourtant favoris dans plusieurs disciplines. À l’instar de Maria Sharapova, victorieuse à Roland-Garros cette année, battue en finale du simple dames du tournoi olympique de tennis par l’Américaine Serena Williams.
Dans le bassin olympique, les résultats n’ont pas non plus été à la hauteur des attentes. Les nageurs russes n’ont décroché que quatre médailles (deux en argent et deux en bronze). Pas un seul titre olympique alors qu’en 2008, la Russie en avait décroché trois en natation. Pis, en escrime et en tir, les entraîneurs ont dû annoncer, dimanche 5 août, leur démission pour "n’avoir pas rempli [leur] mission" : trois médailles pour les épéistes, là où la Fédération russe attendait deux titres pour un total de sept breloques ; et une seule médaille au tir !
Seuls les judokas ont été performants sur le tatami. Ils ont remporté cinq médailles dont trois en or sur les cinq que compte, pour l’instant, la Russie à Londres. Une performance qui rappelle le record de feue l’URSS aux Jeux de Moscou en 1980 (deux titres olympiques et trois médailles) boycottés par plusieurs pays dont les États-unis et le Japon.
Sauver les apparences
À l’époque soviétique, le plus vaste État de la planète était toujours classé parmi les trois meilleures nations des J0. Entre 1952 et 1988, l’équipe de l’URSS participe à neuf Jeux d’été et pointe sept fois à la première place au tableau final des médailles. Aux Jeux de 1992 à Barcelone, l’URSS s’appelle alors la CEI (Commauté des États indépendants) et termine en tête du classement des médailles.
D’Atlanta en 1996 à Beijing en 2008, le déclin s’enclenche. Certes, l’équipe olympique de la Fédération de Russie se retrouve à chaque fois sur le podium, derrière les États-Unis et la Chine, mais le nombre des médailles d’or remportées est devenu dérisoire par rapport à celui d’antan : 58 titres olympiques par exemple à Séoul en 1988 contre 23 à Pékin.
Pour Alexandre Pitot, journaliste sportif au Courrier de Russie, l’effondrement de l’URSS a eu "forcément" une incidence sur les résultats de la Russie aux Jeux olympiques. En premier lieu, parce que la Russie, privée de nations qui composaient l’ex-URSS, ne possède plus les mêmes atouts. "Jadis, les grands athlètes kazakhs ou ukrainiens concouraient pour le compte de l’Union soviétique. Mais aujourd’hui, la Russie ne peut compter que sur elle-même", explique-t-il à FRANCE24. Sans compter la disparition de nombreuses infrastructures sportives qui constituaient sa puissance.
Deux décennies après la chute de l’URSS, la Russie espérait donc renouer avec son statut de "superpuissance olympique" aux de Jeux de Londres. Un pari non tenu, en tout cas pour l’instant, au regard des résultats. "On ne peut pas dresser un bilan avant la fin", prévient Alexandre Pitot. Car, si la barre de 25 titres olympiques ne sera pas atteinte, la Russie conserve encore des chances de médailles d’or avant la fin des Jeux, notamment avec la "Tsarine" de la perche Yelena Isinbayeva, double tenante du titre olympique (2004, 2008). Histoire de sauver les apparences avant de recevoir les Jeux d’hiver 2014 à Sotchi.