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Les forces syriennes loyales au régime du président Bachar al-Assad continuaient à pilonner, dimanche, plusieurs quartiers insurgés d’Alep, en préparation d’une bataille qualifiée de "décisive" pour le contrôle du poumon économique du pays.

AFP - L'armée syrienne, qui a achevé son déploiement autour d'Alep, bombardait et livrait bataille aux insurgés dans la ville avant de lancer l'offensive décisive pour le contrôle de cette métropole du nord de la Syrie, enjeu crucial du conflit.

Alors que la Turquie joue un rôle majeur dans l'aide aux rebelles, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'y rendra samedi pour discuter du conflit en Syrie, a annoncé le département d'Etat.

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Exclusif: l'envoyé spécial de FRANCE 24 témoigne de la situation à Damas
L’armée syrienne intensifie son pilonnage sur les quartiers insurgés d’Alep

A Alep (355 km au nord de Damas), l'aviation a bombardé les quartiers de Char et Sakhour (est) et celui de Salaheddine (ouest), bastion rebelle assiégé par l'armée, était la cible de tirs d'artillerie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des combats se déroulaient dans d'autres quartiers de cette ville, poumon économique de la Syrie, a précisé cette ONG qui tire ses informations d'un réseau de militants et de témoins.

L'armée a achevé dimanche l'envoi massif d'importants renforts à Alep et est désormais prête pour la bataille "décisive", a annoncé à l'AFP une source de sécurité.

"Tous les renforts sont arrivés et encerclent la ville. L'armée est prête désormais à lancer l'assaut décisif mais attend les ordres", a affirmé cette source. "Cependant la guerre risque de durer car il va y avoir des batailles de rues pour déloger les terroristes".

Un important responsable de la sécurité de la région d'Alep avait expliqué samedi que la véritable bataille d'Alep n'avait pas encore commencé et que les bombardements n'étaient que des préparatifs. Au moins 20.000 militaires se trouvent sur le terrain, selon lui.

Selon le journal Al-Watan, proche du pouvoir, "la mission actuelle (de l'armée) consiste (...) à resserrer l'étau et à renforcer le contrôle des entrées de la ville afin d'empêcher (les rebelles) de fuir".

Le journal a ajouté qu'"entre 6.000 et 8.000 terroristes" se trouvaient à Alep, estimant que des "centaines d'entre eux ont été tués ou blessés".

Les rebelles disent tenir la moitié de la ville et affirment que, malgré les bombardements, par l'artillerie et l'aviation, les soldats ne parviennent pas à avancer au sol.

Situation figée

Selon des journalistes de l'AFP sur place, la situation semble figée. L'Armée syrienne libre (ASL, formée de déserteurs et de civils armés) et les troupes régulières s'affrontent certes violemment à Salaheddine, mais chacun attend encore la grande offensive.

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Reportage FRANCE 24: Itinéraire d'une femme qui a rejoint l'armée syrienne libre
L’armée syrienne intensifie son pilonnage sur les quartiers insurgés d’Alep

Dans un communiqué, le Conseil national syrien (CNS), plus importante coalition de l'opposition, a accusé l'armée de bombarder le patrimoine architectural d'Alep.

Sur l'autre grand front du conflit syrien, celui de Damas, l'armée a affirmé samedi contrôler totalement la capitale après avoir repris le quartier de Tadamoun.

Selon Marwane Abdel Aal, de la section libanaise du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche), 600 familles palestiniennes ont fui pendant le week-end au Liban voisin des combats dans et autour du camp de réfugiés de Yarmouk à Damas.

La violence a fait dimanche au moins 44 morts, dont 28 civils, 10 soldats et six rebelles, selon l'OSDH qui rapporte plus de 21.000 morts depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad en mars 2011.

Par ailleurs un dissident de marque est arrivé dimanche en Turquie voisine: le premier cosmonaute syrien, le général Mohammad Ahmad Fares, 61 ans, qui a affiché son soutien aux rebelles, selon l'agence Anatoli.

Iraniens enlevés

Dans la région de Damas, haut lieu du chiisme, 48 pèlerins iraniens qui se rendaient en bus à l'aéroport ont été enlevés samedi. L'Iran a demandé à la Turquie et au Qatar, qui soutiennent les rebelles, d'intervenir pour les faire libérer.

Les rebelles ont affirmé que parmi ces otages figuraient des membres des Gardiens de la révolution, armée prétorienne du régime iranien, selon une vidéo de la télévision satellitaire Al-Arabiya.

Mais un responsable de l'opposition syrienne a accusé le groupe extrémiste sunnite Jundallah, actif dans la province iranienne du Sistan-Balouchistan, d'être derrière ce rapt et le meurtre de 15 partisans du régime à Yalda dans le sud de Damas.

"Jundallah est un groupe islamiste extrémiste qui a un discours religieux basé sur la haine des chiites et des alaouites", a-t-il précisé à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat.

A Yalda, dans une décharge publique, une journaliste de l'AFP a vu samedi une quinzaine de corps, dont certains brûlés ou mutilés.

Après que l'ONU a récemment voté une résolution déplorant l'impuissance de la diplomatie pour arrêter ce conflit, le ministre allemand de la Défense a une nouvelle fois exclu une intervention militaire en Syrie, dans un entretien au journal "Welt am Sonntag".