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L'armée syrienne affirme contrôler l'ensemble de Damas

L'armée syrienne a déclaré, samedi, avoir repris le contrôle de la capitale après de violents combats dans le quartier de Tadamoun. Les forces loyalistes ont également intensifié leur pilonnage sur Alep, le poumon économique du pays.

AFP - L'armée syrienne a affirmé samedi avoir repris un quartier aux mains des rebelles à Damas et contrôler désormais l'ensemble de la capitale, au moment où Alep, capitale économique du pays, était le théâtre d'intenses combats et pilonnages.

Ces violences interviennent au lendemain d'un vote à l'Assemblée générale de l'ONU déplorant l'impuissance de la diplomatie à arrêter ce conflit qui a fait plus de 21.000 morts depuis mars 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

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Matthieu Mabin, envoyé spécial à Beyrouth au Liban
L'armée syrienne affirme contrôler l'ensemble de Damas

"Nous avons nettoyé tous les quartiers de Damas, de Midane à Mazzé, Qadam, Hajar al Aswad et Tadamoun", a affirmé le général en charge des opérations dans ce dernier quartier, dans le sud de la capitale, en le faisant visiter aux journalistes.

Le télévision syrienne a annoncé dans le même temps que l'armée avait "nettoyé" ce quartier "des terroristes".

"La situation à Damas est excellente et stable. Il n'y a plus de présence de groupes armés, à l'exception de quelques individus qui se déplacent d'un endroit à un autre pour prouver qu'ils existent", a ajouté le général.

L'OSDH avait fait état plus tôt dans la journée d'un "bombardement d'une intensité jamais atteinte jusqu'à présent" à Tadamoun, où étaient retranchés de nombreux rebelles. De violents combats s'en étaient suivis.

Par ailleurs, dans la région de Damas, haut lieu de pèlerinage chiite, "des groupes armés terroristes" ont enlevé 48 pèlerins iraniens qui se rendaient en bus à l'aéroport, selon l'agence officielle Sana et le consul iranien.

A Alep (355 km au nord de Damas), dont le contrôle est crucial pour l'issue du conflit, l'aviation et l'artillerie ont bombardé plusieurs secteurs tenus par les rebelles, notamment les quartiers de Chaar et Sakhour dans l'est et ceux de Salaheddine et Seif al-Dawla, dans l'ouest.

Déluge de feu sur Alep

Ces bombardements sont les "plus violents (signalés) depuis le début de la bataille mais l'armée de Bachar (al-Assad) n'a pas réussi à avancer", a affirmé à l'AFP le colonel Abdel Jabbar Oqaidi, chef du commandement militaire de l'Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de civils armés) d'Alep.

Un haut responsable de la sécurité dans la région a assuré que ces raids n'étaient que le "hors-d'oeuvre" à une bataille de grande ampleur. Au moins 20.000 militaires, a-t-il dit, ont été déployés sur le front d'Alep où l'armée et les insurgés continuent à envoyer des renforts.

Devant un bâtiment où les rebelles ont installé une antenne médicale à Sakhour, les journalistes de l'AFP ont vu un minibus arriver en trombe. Il transportait un jeune Syrien en sang à cause d'éclats de bombe dans son corps. "La bombe est tombée sur notre maison", criait sa mère.

Parallèlement aux bombardements, les combats faisaient rage à Salaheddine et Seif al-Dawla, deux quartiers tenus par les rebelles, qui affirment contrôler la moitié de la ville.

Après des opérations audacieuses leur ayant permis ces derniers jours de s'emparer de commissariats à Alep, les rebelles avaient attaqué pendant la nuit le bâtiment de la télévision d'Etat, avant d'être bombardés par l'aviation et de devoir se retirer, selon l'OSDH.

L'agence Sana a confirmé l'attaque, rapportant que "les terroristes ont attaqué des civils et le bâtiment mais les soldats l'ont défendu".

L'OSDH a fait état de la mort samedi de 67 personnes -- 42 civils, 18 soldats et sept rebelles. Au moins une vingtaine des civils tués l'ont été à Deir Ezzor (est), selon l'ONG.

La plus grande partie de la province de Deir Ezzor, limitrophe de l'Irak, est entre les mains des insurgés et la ville-même de Deir Ezzor a été vidée de 70% de ses habitants, selon l'OSDH qui tire ses informations d'un réseau de militants et de témoins.

Juillet, mois le plus sanglant

Alors que juillet a été le mois le plus sanglant en 16 mois de révolte, selon l'OSDH, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a demandé aux belligérants de respecter "pleinement" le droit international humanitaire.

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité une résolution déplorant l'impuissance du Conseil de sécurité dans ce conflit, une critique implicite à l'égard de Moscou et Pékin qui y ont bloqué tous les projets de résolution condamnant le régime de Bachar al-Assad.

La Chine a rejeté ces critiques et la Russie, le plus fidèle soutien de Damas avec l'Iran, a dénoncé une résolution apportant un "soutien flagrant" à l'opposition armée.

Face à l'échec de la diplomatie ayant conduit le médiateur international Kofi Annan à jeter l'éponge et le chef de l'ONU Ban Ki-moon à qualifier le conflit de "guerre par procuration", Paris veut profiter ce mois-ci de sa présidence du Conseil de sécurité pour concentrer les efforts internationaux sur l'aide humanitaire, a affirmé l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud.

Le Premier ministre qatari Cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jabr Al-Thani, dont le pays est très critique envers le président Assad, a indiqué pour sa part que les Etats arabes n'accepteraient pas de nouveau médiateur pour la Syrie si sa mission ne consistait pas à assurer un transfert du pouvoir.