Au lendemain des vetos russe et chinois à de nouvelles sanctions contre la Syrie, deux projets concurrents sont discutés à l'ONU sur la prolongation de la mission des observateurs. L'un est proposé par le Pakistan, l'autre par la Grande-Bretagne.
REUTERS - Un nouvel affrontement diplomatique au sujet de la Syrie se profile vendredi au Conseil de sécurité des Nations unies au lendemain du double veto de la Russie et de la Chine à un projet de résolution occidental menaçant le régime de Bachar al Assad de sanctions.
Deux projets concurrents ont été élaborés pour prolonger le mandat de la mission des observateurs de l'Onu en Syrie (Misnus), qui expire vendredi à minuit (04h00 GMT samedi). Avec le soutien de la Russie, le Pakistan propose une prolongation de 45 jours tandis que la Grande-Bretagne suggère d'accorder seulement 30 jours supplémentaires.
Des négociations ont eu lieu jeudi soir mais on ignore si l'un de ces deux textes dispose d'un soutien suffisant pour être adopté, c'est-à-dire neuf voix sur 15 sans veto de l'un des cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne).
Un vote doit avoir lieu vendredi.
Pour la troisième fois en moins d'un an, la Russie et la Chine ont bloqué jeudi un projet de résolution visant à exercer des pressions sur le régime Bachar al Assad afin de mettre un terme à l'effusion de sang en Syrie.
Les pays occidentaux ont vivement critiqué cette attitude.
Evoquant un jour triste pour la Syrie, le représentant permanent de la France, Gérard Araud, a déclaré qu'il était désormais "clair que la Russie ne vise qu'à laisser plus de temps au régime syrien pour écraser l'opposition".
"Nous sommes allés au veto en (...) pleine connaissance de cause. Nous ne pouvions nous rendre complices d'une stratégie qui mêle comédie de l'action diplomatique et paralysie de fait", a-t-il ajouté.
L'ONU A "COMPLETEMENT ECHOUE", DISENT LES USA
Son homologue britannique Mark Lyall Grant s'est déclaré quant à lui "consterné". "Leurs actes vont permettre de protéger un régime violent. Ils ont choisi de faire passer leur intérêt national avant la vie de millions de Syriens", a-t-il dit.
L'ambassadrice américaine Susan Rice a jugé la position russe et chinoise "dangereuse et déplorable" et elle a constaté que le Conseil de sécurité avait "complètement échoué".
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, s'est dit "profondément déçu". "L'heure est grave. La communauté internationale a une responsabilité collective à l'égard du peuple syrien", a-t-il réagi dans un communiqué.
Rédacteur d'un plan de paix resté lettre morte malgré l'engagement du régime syrien à le respecter, l'émissaire international Kofi Annan a déploré l'incapacité du Conseil de sécurité à s'entendre sur "une initiative forte et concertée" malgré les milliers de morts en Syrie depuis le début du soulèvement contre le régime en mars 2011.
L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a justifié son veto par le refus de Moscou d'ouvrir la voie à une intervention militaire extérieure en Syrie.
Son homologue chinois Li Baodong a pour sa part rejeté les critiques occidentales. "Par leurs déclarations, certains pays ont tout simplement confondu le vrai et le faux et ont critiqué la Chine sans raison. Cela dissimule des arrières-pensées. La Chine s'y oppose résolument", a-t-il dit.
Vitali Tchourkine a en outre exprimé son désaccord avec le nouveau projet de résolution britannique sur une simple prolongation du mandat de la Misnus, en raison de la demande explicite d'un arrêt de l'utilisation des armes lourdes par le régime syrien qu'il contient.
Susan Rice a pour sa part qualifié le projet pakistanais de "prolongation technique". Or, a-t-elle ajouté, "nous avons été clairs, nous ne soutiendrons pas de prolongation technique".